Le gouvernement grec a dévoilé jeudi son programme de stabilité et de croissance destiné à sortir le pays d'une crise financière en passe de devenir le test le plus sérieux auquel doit faire face l'Union économique et monétaire européenne depuis sa création en 1999.

Ce programme, qualifié par le premier ministre socialiste Georges Papandréou de «décisif pour l'avenir du pays», sera remis vendredi à la Commission européenne à Bruxelles, tandis qu'une mission du Fonds monétaire international poursuit une mission d'aide technique en Grèce à la demande d'Athènes.

«Notre effort sur trois ans sera décisif pour l'avenir du pays (...) nous voulons tourner la page le plus rapidement possible», a affirmé Georges Papandréou à l'ouverture d'un conseil de ministres consacré au programme grec.

«Par le passé nous avons déjà démenti les Cassandre, nous le ferons encore aujourd'hui (...) je suis sûr que nos partenaires européens apprécieront nos efforts, pas seulement d'un gouvernement mais d'un peuple entier», a souligné le premier ministre qui a exclu mercredi toute sortie de la Grèce de la zone Euro.

Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a qualifié le plan de «feuille de route» pour relever «les grands défis», diminuer le déficit et la dette publics, réduire les faiblesses structurelles, et combattre «l'énorme déficit de crédibilité» de la Grèce.

«Il s'agit d'un programme ambitieux, difficile mais réaliste (...) nous atteindrons notre objectif par tous les moyens», a-t-il ensuite assuré. Pour 2010, le programme chiffre à 10,3 milliards d'euros l'ensemble des mesures de baisse du déficit, «un peu plus que ce qui est nécessaire mais nous voulons une marge de manoeuvre», a-t-il souligné.

Le redressement budgétaire doit être atteint via une réduction des dépenses publiques à 47,7% du PIB en 2013, contre 52% en 2009, et une augmentation des recettes à 45,7% du PIB en 2013 contre 39% en 2009, a indiqué le ministre.

L'effort grec portera aussi sur le retard de compétitivité du pays, avec un déficit de la balance des échanges courants représentant 8,8% du PIB en 2009, a-t-il ajouté. «L'objectif est que ce déficit ne dépasse pas 4% du PIB en 2013», a-t-il précisé.

Parmi les mesures prévues en 2010, la fin de privilèges fiscaux et l'adoption d'un arsenal anti-fraude doivent augmenter les recettes fiscales de 2,3 milliards d'euros, tandis que le pays attend une intensification des rentrées de fonds européens du fait de la relance des investissements publics de l'ordre de 1,4 milliard.

Au chapitre des économies, la réduction de primes aux fonctionnaires, équivalant à une baisse de fait des plus haut salaires, doit rapporter plus de 600 millions d'euros, tandis que la baisse des dépenses des hôpitaux doit faire gagner 1,4 milliard d'euros.

Si les rentrées n'étaient pas à la hauteur, le gouvernement procéderait à des coupes supplémentaires dans les dépenses et des augmentations d'impots, a affirmé M. Papaconstantinou.

S'affirmant certain que le programme sera approuvé lors de la réunion des ministre européens des Finances de l'Ecofin du 15 février, il a admis la difficulté pour le pays de calmer les marchés. «Il n'y a pas de magie, quoiqu'on dise aujourd'hui ne mettra pas fin à la nervosité des marchés, cela se fera sur le long terme», a-t-il affirmé.

Dans un discours publié jeudi, la chancelière Angela Merkel s'est inquiétée que «l'euro traverse dans les prochaines années une phase très difficile», la crise grecque suscitant des inquiétudes pour la cohésion des pays de la zone euro.

«Comment allons-nous respecter le Pacte de stabilité? L'exemple grec pourrait nous apporter de fortes, très fortes contraintes», a estimé la chancelière, qui se dit «préoccupée