La présidence argentine a annoncé samedi avoir fait appel du jugement qui a permis au chef de la Banque centrale de retrouver son poste, 24 heures après avoir été destitué pour avoir refusé de libérer une partie des réserves de devises afin de régler la dette.

«L'appel a été présenté», a déclaré à la chaîne de télévision C5N Anibal Fernandez, chef de cabinet de la présidente argentine Cristina Kirchner.

M. Fernandez a souligné que la Cour d'appel avait accepté d'enregister le recours de la présidence malgré le congé du week-end. «La Cour d'appel a compris que la question ne souffrait pas de retard», a-t-il commenté.

Peu auparavant, le ministre de l'Intérieur, Florencio Randazzo, avait déclaré à Radio America: «Nous allons faire appel de la décision de la juge, qui ne connaît apparemment pas l'article 99 de la Constitution, établissant la possibilité d'émettre exceptionnellement des décrets de caractère nécessaire et urgent».

Vendredi, la juge fédérale Maria José Sarmiento avait suspendu l'application du décret d'urgence de Mme Kirchner qui avait limogé Martin Redrado et demandé à une commission bicamérale du Congrès de se prononcer sur la question, comme le prévoit la Charte constitutive de la Banque centrale.

Elle avait aussi suspendu un autre décret présidentiel autorisant l'utilisation de 6,5 milliards de dollars de réserves de la Banque centrale pour régler la moitié de la dette argentine arrivant à échéance en 2010.

Dès vendredi soir, M. Fernandez avait demandé à «la police fédérale de chercher la juge» pour que l'exécutif puisse faire appel pendant le week-end.

«Avoir un véhicule de la police devant sa porte sans avoir demandé de protection est une forme de pression», avait déclaré samedi la magistrate, précisant au micro de la chaîne TN que le gouvernement devrait attendre son retour au bureau lundi pour faire appel.

«En 30 ans dans la justice, je n'avais jamais vu ce genre de méthodes», avait ajouté Mme Sarmiento.

Mme Kirchner avait ouvert jeudi une crise institutionnelle en limogeant par décret M. Redrado «pour avoir manqué à ses devoirs», malgré le statut d'indépendance de l'exécutif de la Banque centrale.

Le vice-président Julio Cobos, opposé à Mme Kirchner depuis la crise des agriculteurs en 2008, a suspendu ses vacances et convoqué une session extraordinaire du Congrès pour examiner la validité des décrets présidentiels cette semaine.

Le gouvernement a perdu la majorité dans les deux chambres aux élections législatives de juin dernier.