L'Ukraine, ébranlée par la crise économique et par ses luttes politiques intestines, a réclamé vendredi au Fonds monétaire international de lui avancer rapidement 2 milliards de dollars pour surmonter une situation financière «extrêmement difficile».

L'Ukraine espère recevoir «la moitié d'une nouvelle tranche du FMI» de 3,8 milliards de dollars, «soit environ 2 milliards de dollars», a indiqué Natalia Lysova, porte-parole du vice-Premier ministre ukrainien Grygory Nemyria.

Celui-ci a déposé cette semaine une lettre en ce sens au siège du FMI à Washington: «D'ici à la fin de l'année, nous attendons une décision positive du FMI», a-t-il dit, se déclarant optimiste.

L'Ukraine, l'un des pays les plus affectés par la crise économique mondiale, avait obtenu le feu vert en novembre 2008 pour un prêt de 16,4 milliards de dollars du FMI, dont elle a perçu jusqu'à présent 10,6 milliards de dollars.

Mais le Fonds hésite à débloquer le reste de son crédit, l'Ukraine n'ayant pas mis en oeuvre la politique de rigueur et les réformes qui lui étaient demandées.

Le FMI a notamment critiqué l'adoption par le Parlement ukrainien d'une loi sur l'augmentation des minima sociaux.

Mais sans un nouveau coup de pouce du FMI, il sera «extrêmement difficile» pour le gouvernement de verser les salaires et les retraites dans le secteur public ainsi que de couvrir ses engagements internationaux, y compris vis-à-vis de la Russie, a prévenu M. Nemyria dans un entretien au quotidien britannique Financial Times vendredi. Ses propos ont été confirmés par son service de presse.

La situation économique précaire du pays est encore compliquée par la grave rivalité qui oppose les deux leaders de l'exécutif, le président Viktor Iouchtchenko et son Premier ministre Ioulia Timochenko.

Anciens alliés politiques devenus ennemis jurés, ils sont tous les deux candidats à la prochaine élection présidentielle prévue le 17 janvier.

Cela fait plus d'un an que l'Ukraine se débat dans des difficultés financières aiguës, mais les récentes difficultés financières de l'émirat de Dubaï et de la Grèce ont ravivé les appréhensions qui couraient sur son compte ces dernières semaines.

Les Européens, qui ont subi au début de l'année 2009 une douloureuse coupure de gaz due à des problèmes de paiement par Kiev de sa facture de gaz russe n'ont aucune envie de voir ce pays de transit stratégique s'enfoncer encore davantage dans la crise.

L'Ukraine a déjà utilisé ses droits de tirage spéciaux auprès du FMI pour obtenir environ 2 milliards de dollars et régler ses factures gazière d'octobre et novembre, mais elle pourrait être à court de moyens début 2010, au risque de déclencher une nouvelle guerre du gaz.

Pour Igor Bourakovski, directeur de l'Institut des recherches économiques à Kiev, la majeure partie des fonds réclamés au FMI serait de fait destinée au paiement des livraisons du gaz russe, «l'un des problèmes clefs de l'Ukraine».

«L'argent du FMI est très important pour l'Ukraine, c'est la clef nécessaire pour accéder à d'autres ressources financières» dont le pays a besoin, a souligné M. Bourakovski.

«Je ne pense pas que l'Ukraine va mourir sans cette tranche» mais un refus du FMI risque d'«aggraver la position financière du pays qui est déjà compliquée», a-t-il ajouté.

Selon une experte de la société d'investissement Dragon Capital, Olena Belan, Kiev devra verser 500 millions de dollars au titre de sa dette extérieure au premier semestre 2010 et 1,5 milliards USD sur l'ensemble de l'année.