Le président français Nicolas Sarkozy a proposé vendredi à Port-of-Spain que les pays riches fournissent un «premier engagement financier» de 10 milliards de dollars aux plus vulnérables pour les aider à réduire leurs émissions de CO2.

Le chef d'État s'exprimait, à huis-clos, au sommet du Commonwealth à Trinidad-et-Tobago, largement consacré au réchauffement climatique, à 10 jours de l'ouverture de la conférence de l'ONU sur le climat à Copenhague.

C'est la première fois qu'un président français est invité à un sommet de cette assemblée composée de 53 pays, essentiellement d'anciennes colonies de l'ex-empire britannique.

«L'accord de Copenhague doit être juste. Il doit prévoir des actions concrètes pour aider les pays les plus pauvres et les plus vulnérables», a affirmé M. Sarkozy.

«Pour cela, nous devons adopter à Copenhague un premier engagement financier sur 2010, 2011 et 2012 de 10 milliards de dollars par an», a-t-il ajouté.

Selon le président, «un mécanisme ambitieux devra également être adopté pour assurer les financements nécessaires aux pays en développement après 2012».

M. Sarkozy a l'intention de soumettre cette proposition à Copenhague, où il se rendra les 17 et 18 décembre.

La France se place ainsi dans la fourchette haute de ce que propose l'Union européenne (entre 5 et 7 milliards d'euros, sans clé de répartition à ce jour entre les pays membres).

Le premier ministre Gordon Brown a aussi proposé vendredi, sur son site internet, de lancer un fonds de 10 milliards de dollars pour aider les pays les moins avancés, sans préciser sur quelle durée.

Il a toutefois précisé que son pays était prêt à participer à hauteur de 1,3 milliard de dollars, sur trois ans.

Ce projet de financement entre dans le cadre du «fast start» (fonds d'urgence) que les Vingt-sept veulent mettre en place au profit des pays les plus vulnérables, sans avoir à attendre l'entrée en vigueur de l'accord de Copenhague, au 1er janvier 2013.

M. Sarkozy a également proposé que la déforestation soit «une priorité reconnue à Copenhague» parce qu'«éviter la déforestation est l'un des moyens les moins coûteux et les plus efficaces pour réduire les émissions mondiales de CO2», a-t-il fait valoir.

La déforestation est responsable de près d'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre.

«Je propose que nous adoptions ensemble l'objectif de réduire de moitié la déforestation d'ici à 2020 et d'y mettre un terme d'ici à 2030. Et nous devons commencer sans attendre», a-t-il dit.

Le président Sarkozy a réaffirmé ce qu'il avait dit jeudi à Manaus aux dirigeants des pays amazoniens: que 20% du financement international des trois prochaines années au profit des pays les plus vulnérables soient consacrés à la protection de la forêt.

Autre proposition réaffirmée devant le Commonwealth par M. Sarkozy: la création d'une organisation mondiale de l'environnement et du développement durable.

Enfin, M. Sarkozy a lancé «un appel à tous les chefs d'État et de gouvernement à venir en personne au sommet de Copenhague. Seuls les leaders pourront prendre les décisions majeures qui s'imposent pour conclure l'accord le 18 décembre», a-t-il plaidé.