Le marché de l'art qui a montré des signes importants de reprise durant les enchères d'automne, ces deux dernières semaines à New York, avec quelques belles ventes, reste loin des sommets atteints avant la crise.

Mercredi soir chez Sotheby's, une salle remplie de richissimes acheteurs et courtiers a éclaté de rire lorsque la vente d'un tableau d'Andy Warhol, «200 billets de 1 dollar», démarrée à 6 millions, a bondi en une seule surenchère à 12 millions de dollars.

Avançant ensuite plus régulièrement mais très activement, avec des appels téléphoniques provenant du monde entier, l'oeuvre a été adjugée pour 43,7 millions de dollars après addition de la commission du marchand, nettement au dessus de l'estimation haute de 12 millions.

Le montant reste loin du record pour l'artiste, 71,7 millions de dollars, atteint chez Christie's en mai 2007 pour un «Green car crash-Green burning car I», mais est à ce jour la deuxième plus grosse vente pour un Warhol.

«Les enchères ont été particulièrement actives ce soir. Il y a un grand désir pour du grand art», a estimé avec satisfaction Tobias Meyer, directeur du département d'art contemporain chez Sotheby's.

«Le consommateur a commencé à retrouver ses habitudes et nous assistons à une accélération depuis mai dernier», a-t-il ajouté.

Mais si les deux semaines de ventes d'art impressionniste, moderne et contemporain se sont bien passées cette saison pour Sotheby's, avec des résultats nettement au dessus d'estimations sérieusement revues à la baisse depuis la crise, son principal concurrent Christie's a eu moins de chance et plusieurs oeuvres maîtresses n'ont pas trouvé preneur.

Un lot important, «Brother Sausage» («Frère Saucisse») de Jean-Michel Basquiat, peint en 1983 et estimé entre 9 et 12 millions de dollars, ne s'est pas vendu mardi dernier. La semaine précédente, une «Tête de femme de Picasso» (1943), estimée entre 7 et 10 millions de dollars, avait connu le même sort.

Le bilan de certaines soirées de ventes reste en dessous du montant atteint, à New York dans le passé, par une seule oeuvre d'art. Un tryptique de Francis Bacon avait été adjugé 86,2 millions en mai 2008, juste avant la crise financière. Et le record pour un Picasso est de 104,1 million de dollars pour un «Garçon à la pipe» adjugé en 2004.

La baisse des estimations et des prix de réserve, minimum demandé par le vendeur, explique souvent la diminution du nombre des invendus, après le désastre des ventes de l'automne 2008.

Art Capital Group, une banque spécialisée dans les prêts aux propriétaires d'oeuvres d'art, met en garde contre un trop grand enthousiasme. «Les résultats sont remarquables, mais il faudra encore de trois à cinq ans au moins pour voir un large rétablissement des prix sur le marché de l'art», a estimé Baird Ryan, directeur général associé de la banque, dans un commentaire envoyé à l'AFP.

À des niveaux moins élevés, beaucoup de records sont toutefois enregistrés.

Ainsi un «Jeune Arabe» (1910) de Kees Van Dongen a atteint 13,8 millions de dollars, un record pour l'artiste néerlandais, et deux Français ont également battu leur précédent record: un «Barques au port de Collioure» (environ 1905) d'André Derain a été vendu 14 millions de dollars (6,1 millions précédemment), et une «Trinité Champs Elysées» (1961) de Jean Dubuffet a été adjugée 6,1 million de dollars (5,1 millions jusqu'ici).

Clôturant les ventes d'automne, les enchères d'art latino-américain se tiennent la semaine prochaine.