La prestigieuse maison Chanel est assignée vendredi en justice pour contrefaçon, une procédure exceptionnelle lancée par une petite entreprise française, «World Tricot», ex-sous-traitant du grand couturier qu'elle accuse d'avoir copié l'un de ses motifs sans son accord.

«C'est un procès exceptionnel. Chanel poursuivi pour contrefaçon, c'est déjà atypique», a déclaré jeudi à l'AFP l'avocat de World Tricot, Me Pascal Crehange, à la veille de l'audience au tribunal de Commerce de Paris après quatre ans de procédure.

World Tricot, installée à Lure (est) et spécialisée dans la maille de luxe, avait assigné Chanel en septembre 2005 pour «contrefaçon» et «rupture abusive de relation contractuelle».

Le litige porte sur un «demi-devant», c'est-à-dire le pan avant d'une veste avec un motif en mailles.

La directrice de l'entreprise, Carmen Colle, affirme avoir reconnu l'un de ses échantillons dans la vitrine d'une boutique Chanel à Tokyo en mars 2005 alors que ce même motif ou un motif approchant avait été refusé par la marque.

«Ils ont fait fabriquer, puis ont commercialisé sans notre accord, alors que nous en sommes l'auteur, des mailles sans que nous en soyons informés. On nous a pris notre travail sans notre accord», plaide Me Crehange.

Mme Colle soutient aussi qu'après ses doléances, Chanel a «sans raison», et drastiquement, réduit ses commandes à partir de fin 2004.

«L'enjeu de ce dossier, c'est que depuis toujours les grandes maisons de couture considèrent qu'elles sont propriétaires du travail de leurs artisans. Et Mme Colle est la première à avoir le courage de s'attaquer à une grande maison», assure Me Crehange.

Chanel revendique pour sa part la création du motif contesté et réfute toute contrefaçon.

World Tricot réclame plusieurs millions d'euros de dommages et intérêts.