Le luxe français a lancé jeudi simultanément à Pékin et Paris une offensive de charme à l'adresse des jeunes consommateurs chinois, alors que les marques de luxe du monde entier, en retrait sur les marchés historiques, voient en la Chine un formidable relais de croissance.

Le constat est simple: sur le continent américain, les ventes des produits de luxe devraient baisser cette année de 16%, selon le cabinet de conseil en stratégie Bain et Company. Le recul devrait atteindre 10% au Japon et 8% en Europe. Dans le même temps, elles devraient faire un bond de 12% en Chine continentale.

Au total, le dynamisme chinois devrait permettre de limiter cette année la baisse des ventes mondiales du luxe à 8% pour un total de243 milliards CAN, selon Bain qui prévoit un retour à la croissance en 2010.

Pour Louis Vuitton ou les cognacs Hennessy par exemple, «la clientèle chinoise est devenue depuis le début de l'année la deuxième au monde», indique-t-on chez LVMH qui contrôle les deux marques.

Selon les analystes, le numéro un mondial du luxe réaliserait en Chine continentale entre «5 et 10%» de son chiffre d'affaires.

La Chine représente déjà 17% du chiffre d'affaires de Vuitton (LVMH), qui comptera 30 boutiques d'ici la fin de l'année dans ce pays. Le distributeur français de produits de beauté Sephora compte 70 boutiques etc.

L'italienne Gucci (Gucci group, branche luxe de PPR) est logée à la même enseigne: environ 15% de son chiffre d'affaires est réalisé dans ce pays où la griffe compte 28 magasins, selon le courtier Aurel.

Le groupe suisse Swatch y réaliserait environ 25% de son chiffre d'affaires grâce à Omega, une des marques les plus vendues en Chine, dit-il également.

Cartier (groupe Richemont) compte 30 boutiques réparties dans 20 villes dans un pays devenu également le 3e marché au monde pour Rolls-Royce.

Le rythme des ouvertures de boutiques de luxe va se poursuivre. Sur les 300 escomptées à l'échelle mondiale en 2009, 15% seront situées en Chine, selon cette étude.

Le Comité Colbert, qui réunit 70 maisons de luxe françaises, ne s'y est pas trompé en lançant jeudi son premier portail destiné principalement aux jeunes Chinois et qui se veut un «voyage virtuel interactif pour découvrir le luxe et la culture français».

La moyenne de la part du marché chinois dans le chiffre d'affaires mondial des maisons de luxe français est passé de 4,5 à 8% en quatre ans, et pour certaines «jusqu'à 25%».

Comme l'a rappelé jeudi l'ambassadeur de Chine en France, Kong Quan, à l'occasion du lancement du site, «la Chine représente le 3e marché mondial du luxe». Non sans humour, il a souhaité au Comité Colbert que ce site «soit parcouru par la moitié des internautes chinois qui sont... 400 millions».

Ce d'autant que «les plus jeunes et de nouveaux entrants comme les femmes qui travaillent vont devenir les segments dominants du marché du luxe remplaçant les baby-boomers qui vieillissent et partent à la retraite», souligne Bain et Company.

Pour la présidente du Comité Colbert Françoise Montenay, interrogée par l'AFP, «le luxe n'est pas qu'une question d'argent mais aussi de culture, car il y a des produits plus ou moins chers, et d'éducation, pour apprendre à faire la différence entre un très bon produit et un moins bon».

Le président de la division mode de Chanel Bruno Pavlovsky estime lui que «la révolution numérique, avec la diffusion mondiale de l'information, a dopé la demande, servant de catalyseur à ces marchés».