Les touristes américains, après avoir boudé Paris pendant près de deux ans dans un contexte de crise économique et de baisse du dollar, reviennent timidement dans la capitale française, mais beaucoup d'entre eux rechignent à la dépense.

«Même si la reprise est légère, nous constatons depuis Pâques que davantage d'Américains viennent visiter Paris. Ils sont en passe de redevenir la première clientèle étrangère devant les Britanniques», constate Thomas Deschamps, responsable de l'observatoire de l'Office du Tourisme de Paris.

A partir du second semestre 2007, la fréquentation américaine avait régulièrement chuté: en 2008, 1,2 million d'Américains avaient visité Paris, loin du record de l'an 2000 (2,2 millions de visiteurs).

Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser, avec notamment une hausse de 2% des nuitées en avril-mai 2009 sur un an, selon les données de l'Office du Tourisme.

«Les Américains se déplacent en famille ou en couple, les hommes d'affaires ne sont pas encore revenus», nuance Paolo, employé au Musée du Louvre.

«Le facteur économique joue énormément: il y a une légère reprise, le cours du pétrole relativement bas fait baisser le prix des billets d'avion et le taux de change est beaucoup plus avantageux pour les Américains avec une forte remontée du dollar par rapport à l'euro», souligne M. Deschamps.

L'euro qui avait atteint un plus haut en avril 2008 à 1,60 dollar s'échange autour des 1,40 dollar actuellement. En mars, il était tombé à 1,25 dollar.

«Il y a aussi un effet Lance Armstrong», estime Liberto Paris, propriétaire d'une boutique de souvenirs rue de Rivoli. Après quatre ans d'absence, le coureur cycliste, vainqueur à sept reprises du Tour de France, a fait son grand retour lors de l'édition 2009 de la Grande Boucle. «Le Tour de France a drainé cette année beaucoup de voyageurs outre-Atlantique et l'engouement pour Paris semble reparti», commente le vendeur.

Mais si les Américains renouent avec Paris, la plupart regardent plus attentivement les étiquettes de prix.

«En 2006, j'avais dépensé 3.000 dollars (2.100 euros). Cette année mon budget est deux fois moins important. Nous n'irons qu'une fois au restaurant et nous rapporterons moins de souvenirs à nos enfants», explique Peter Jackson, employé dans la Silicon Valley, au sud de San Francisco.

«Nos clients sortent peu et demandent les adresses des bars les moins chers. Fini la fête jusqu'au bout de la nuit», renchérit Naima Pedrak, directrice de l'auberge de jeunesse Peace and Love Hostel, rue Lafayette, qui accueille principalement une clientèle américaine.

Dans un même souci d'économie, alors que des prestations comme la visite de la Tour Eiffel ou une soirée au Moulin Rouge font toujours partie des incontournables, les guides sont beaucoup moins demandés par les visiteurs.

«Je n'ai engagé aucun guide cette année car les Américains sont moins intéressés», raconte Claude Auer, un responsable de l'agence de voyage Cityrama, qui propose notamment des visites de Paris en autocar.

Des restrictions budgétaires qui ne semblent pas toucher la clientèle haut de gamme.

«Nos clients américains, même depuis la crise, demandent plus de grandes chambres et de suites. En un an, leurs dépenses moyennes dans notre établissement ont augmenté de 20%», souligne un employé d'un grand palace parisien.

Même constat au Ritz, où les touristes américains --qui représentent 30% du chiffre d'affaires-- sont restés «très fidèles». Aujourd'hui, «les dépenses sont plus importantes, les clients restent davantage à l'hôtel et sortent moins».