L'annonce jeudi d'un retour surprise de la croissance au deuxième trimestre en Allemagne et en France alimente les espoirs d'une sortie de crise progressive dans la zone euro, même si cette dernière est pour l'instant toujours en récession.

Après quatre trimestres consécutifs de contraction de leur produit intérieur brut (PIB), l'Allemagne, première économie de la zone euro, et la France ont toutes les deux annoncé une hausse identique de leur PIB de 0,3% comparé au premier trimestre.

Pour l'ensemble de la zone euro, en revanche, l'économie s'est contractée de 0,1%, et ce pour le cinquième trimestre d'affilée, d'après une première estimation de l'Office européen des statistiques Eurostat.

Mais comparé au plongeon record de 2,5% accusé au premier trimestre, c'est un très net ralentissement et une bonne surprise pour les économistes, qui attendaient un recul plus prononcé.

De quoi alimenter les espoirs d'une sortie plus rapide que prévu de la récession actuelle, la pire traversée par la zone euro depuis 1945.

Jusqu'ici, la Commission européenne comme le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une reprise modeste seulement courant 2010.

«La plus forte contraction semble derrière nous», a commenté jeudi un porte-parole de la Commission, y voyant l'effet des mesures anti-crise prises depuis l'automne par gouvernements et banquiers centraux.

«La situation est bien meilleure que ce que nous prévoyions au printemps», a-t-il estimé, renvoyant toutefois au 14 septembre pour une actualisation des prévisions économiques de Bruxelles.

«Ces chiffres sont agréables, mais payés cher, avec les plans de relance», nuance Costa Brunner, économiste chez Natixis. «Que se passera-t-il quand les primes à la casse en Allemagne et ailleurs seront épuisées? Un revers est très probable courant 2010.»

«Ce que nous voyons actuellement s'appuie essentiellement sur les plans de relance gouvernementaux et la reconstitution des stocks», a aussi tempéré Jürgen Stark, économiste en chef de la Banque centrale européenne. «Tant que c'est comme ça, nous ne pouvons pas compter sur un retour durable à une trajectoire de croissance».

Plusieurs économistes envisagent une courbe en «W», comme Aurelio Maccario chez Unicredit, convaincu que «le PIB de la zone euro pourrait ralentir à nouveau début 2010».

«Une nouvelle récession ne peut pas être exclue», prévient aussi Cédric Thellier chez Natixis.

Comme pour leur donner raison, la production industrielle, qui avait rebondi en mai dans la zone euro pour la première fois depuis août 2008, est repartie à la baisse en juin.

Et les estimations nationales des derniers jours brossent toujours un sombre tableau de l'économie européenne.

Le PIB a encore reculé au deuxième trimestre de 0,9% aux Pays-Bas, de 0,5% en Italie, de 0,4% en Belgique et en Autriche. Hors zone euro, la Grande-Bretagne accuse une baisse de 0,8%, l'Estonie de 3,7%, la Roumanie de 1,2%, la Hongrie de 2,1%.

Les performances de l'ensemble de l'UE sont plus mauvaises que celles de la zone euro, avec une contraction économique de 0,3%, selon Eurostat.

En outre, le PIB européen reste encore bien en dessous de ses niveaux de l'année dernière à même époque, avec des diminutions de 4,6% pour la zone euro et de 4,8% pour l'UE.

La prudence reste de mise, même chez les bons élèves de la classe européenne.

Pour le ministre allemand de l'Economie, Karl-Theodor zu Guttenberg, «le pire de la récession est derrière nous», mais «il n'y a pas de raison d'être euphorique».

Son homologue française, Christine Lagarde, a prévenu pour sa part que «la situation du marché du travail devrait rester difficile au cours des prochains trimestres».