Les groupes altermondialistes réclament en vain depuis des années que le «club de riches» du G8 soit dissous au profit d'une instance plus représentative et plus démocratique. Ils disposent désormais d'appuis au sein même de l'organisation.

Avant même le sommet qui s'est terminé hier à L'Aquila, la France et l'Allemagne avaient fait savoir qu'ils étaient favorables au remplacement du G8 par un G13 incluant les pays émergents du G5 (Chine, Inde, Brésil, Mexique et Afrique du Sud), voire par le G20 qui s'est réuni à Londres au début du mois d'avril pour traiter de la réponse à apporter à la crise économique.

 

Le président français Nicolas Sarkozy est revenu sur le sujet mercredi après avoir déclaré que l'organisation de huit pays ne «suffisait plus» pour s'attaquer aux grandes problématiques mondiales.

Hier, l'hôte du sommet, Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien, a ajouté son grain de sel en soulignant que le G14, comprenant le G13 et l'Égypte, serait sans doute à l'avenir le forum dans lequel se prendraient les grandes décisions économiques.

L'administration américaine de Barack Obama a indirectement remis en question l'utilité du G8 avant la rencontre de L'Aquila en soulignant qu'il s'agissait d'une simple étape intermédiaire entre le G20 de Londres et celui qui se tiendra à Pittsburgh en septembre.

Les pays émergents demandent que le G8, établi dans les années 70 en réponse à la crise pétrolière, cède la place à une «nouvelle gouvernance mondiale basée sur le multilatéralisme».

«Les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne peuvent plus être résolus par les seuls pays industrialisés», ont répété durant le sommet les membres du G5.

Les ONG se montrent aussi très critiques envers le G8 en raison des engagements non tenus sur l'aide au développement et le «manque de leadership» manifesté dans le dossier du réchauffement climatique.

«Ce serait un bon pas en avant de passer au G20.... Le G8 devient trop petit», a souligné hier Denis Howlett, porte-parole d'Abolissons la pauvreté, un regroupement d'ONG canadiennes.

Dans ce concert de critiques, le gouvernement canadien apparaît comme l'un des défenseurs les plus déterminés de l'organisation.

Le premier ministre Stephen Harper affirme qu'il est nécessaire d'avoir un «forum plus large» pour tenir compte des réalités économiques. Mais il estime qu'il faut préserver le G8 parce qu'il s'agit d'un forum restreint permettant «d'avoir des discussions très intimes tout en parvenant à un consensus qui a une importance suffisante pour faire bouger les choses relativement aux grands enjeux».

M. Harper a répété essentiellement la même chose hier en conférence de presse, en précisant que le G8 aurait «toujours une utilité».

L'attitude du Canada est importante dans le contexte actuel puisque le pays doit accueillir le prochain sommet de l'organisation l'année prochaine en Ontario.

Ce sera le rôle du gouvernement canadien, à titre d'hôte, de mettre un peu de «cohérence» dans ce domaine, a prévenu M. Harper.