Les ministres européens des Finances, réunis à Bruxelles, se sont mis d'accord mardi pour renforcer les bilans des banques afin d'éviter de nouvelles crises, en les incitant à constituer des provisions spéciales pour anticiper les pertes en période de récession.

«Nous avons besoin d'un système financier plus robuste en Europe», a déclaré le ministre des Finances suédois, Anders Borg, dont le pays préside l'UE, au cours d'une conférence de presse à l'issue de la réunion.

Les ministres veulent «soutenir l'introduction d'un provisionnement prospectif, qui consiste à constituer des provisions prélevées sur les bénéfices au cours des périodes de conjoncture favorable, en vue de couvrir les pertes attendues sur les portefeuilles de crédit», indiquent-ils dans un texte.

Ce système, sorte d'assurance couvrant les risques à venir, consiste à créer une catégorie de provisions spécifiques, dit du «provisionnement dynamique».

Il existe déjà en Espagne et permet d'avoir une réserve que l'on peut utiliser quand la conjoncture est mauvaise, ce qui contribue à atténuer les effets liés aux fluctuations du cycle économique.

Ce changement nécessitera une modification de la législation européenne, qui sera proposée en octobre, a indiqué le commissaire européen en charge des services financiers, Charlie McCreevy.

Les ministres ne se sont cependant pas mis d'accord sur une proposition faite par l'Allemagne qui souhaitait un assouplissement à court terme des exigences en fonds propres demandées aux banques, pour les aider aujourd'hui à traverser la crise actuelle.

«Une très large majorité de pays n'avaient pas exactement le même point de vue», a souligné M. Borg. La Commission européenne va publier un rapport sur le sujet, qui sera discuté à nouveau lors d'une réunion des ministres des Finances début octobre.

Il n'y avait «pas de soutien immédiat pour cette proposition», a reconnu le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, lors d'un point de presse, tout en indiquant que «cette flexibilité souhaitée n'a rien a voir avec une mise en cause générale» des règles actuelles.

Les ministres des Finances ont par ailleurs «exhorté» l'IASB, l'organisme supra-national qui fixe les normes comptables en Europe, à assouplir «rapidement» celles-ci, comme s'y est engagé en juin devant eux son président, David Tweedie.

Ils souhaitent que les modifications soient faites «à temps» pour être prises en compte pour la publication des comptes des banques pour 2009, c'est-à-dire à l'automne.

Les Européens demandent une action de l'IASB depuis début avril par souci d'équité avec les États-Unis. Ils arguent que l'association qui fixe les normes comptables aux États-Unis, le FASB, a assoupli de manière unilatérale les règles d'évaluation des actifs toxiques pour soulager les bilans des banques américaines.

M. Steinbrück et la ministre française des Finances, Christine Lagarde, ont écrit une lettre lundi à M. McCreevy, dans laquelle ils lui demandent de «donner un fort élan à ces tâches qui sont d'une importance capitale pour la stabilité financière et pour restaurer la confiance dans le secteur financier».

M. Steinbrück a indiqué qu'il «avait parfois réellement un doute» que l'IASB puisse «garantir que les entreprises européennes ne soient pas désavantagées par rapport à leurs homologues américaines».