La reprise économique est «sur les rails» mais elle sera «faible et fragile» et les États devront faire face à de «graves déséquilibres macro-économiques» causés par le chômage et les déficits, a indiqué l'OCDE dans ses nouvelles prévisions publiées mercredi.

«La reprise qui arrive sera à la fois faible et fragile pour un certain temps et les conséquences sociales et économiques de la crise seront durables», juge l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Pour la première fois en deux ans, l'OCDE revoit toutefois à la hausse ses prévisions de croissance après avoir relevé des «signes de modération du ralentissement» économique. «Le pire scénario semble avoir été évité», est-il indiqué.

L'Organisation, qui regroupe 30 pays riches, prédit désormais une chute du produit intérieur brut (PIB) de sa zone de -4,1% cette année avant un rebond de +0,7% en 2010, marquant une nette amélioration par rapport aux prévisions de mars (-4,3% cette année, -0,1% en 2010).

Alors que la crise a frappé simultanément la plupart des pays du globe, «la reprise devrait se faire en ordre dispersé», souligne l'OCDE.

L'embellie serait plus franche pour les Etats-Unis dont le PIB devrait se tasser de -2,8% en 2009 avant de repartir à la hausse en 2010 (+0,9%), alors que l'OCDE se montrait jusque-là bien plus pessimiste (-4,0% en 2009; 0,0% en 2010).

«Même quand la reprise sera engagée, la croissance du PIB devrait rester faible» aux États-Unis et ne permettra pas de contenir le chômage, avertit toutefois l'OCDE.

Le PIB de la zone euro devrait, lui, chuter de -4,8% cette année avant de connaître une croissance nulle en 2010. «Les signes d'une reprise imminente dans cette zone ne sont pas encore clairement visibles», est-il indiqué.

Pour la France, l'OCDE prévoit cette année une contraction en ligne avec les prévisions gouvernementales (-3,0%), soit bien mieux que son voisin allemand (-6,1%). Les deux pays devraient en revanche connaître le même rebond timide en 2010 (+0,2%).

L'Organisation note par ailleurs que la reprise est «déjà en marche» dans plusieurs grands pays non-membres de l'OCDE, dont la Chine, l'Inde et au Brésil, qui, en outre, ne souffrent pas de «dommages budgétaires».

L'OCDE a beau entrevoir des signes de reprise, elle se garde toutefois de tout excès d'optimisme. «Ce n'est pas le moment de se relâcher», prévient-elle.

Le commerce mondial devrait dégringoler de 16% cette année, «de nouvelles secousses du système financier ne sont pas à exclure» et la «hausse substantielle du chômage» va se poursuivre, énumère l'Organisation.

Dans la zone OCDE, le chômage devrait toucher 8,5% de la population active en 2009 et 9,8% en 2010, soit près du double du taux relevé en 2008.

Au final, «la plupart des pays de l'OCDE devront faire face à de graves déséquilibres macro-économiques», encore accentués par l'aggravation des déficits.

«De très substantiels efforts de de redressement des finances publiques seront requis dans plusieurs pays», note l'Organisation.

L'OCDE juge également «crucial pour le futur» de modifier les règles de régulation et de supervision financières pour «limiter le risque d'une nouvelle crise», et estime que des tests de résistance sur les banques devront être effectués et publiés.

«Quelques-uns de ces changements pourraient entamer la rentabilité» des entreprises, reconnaît l'OCDE, ajoutant toutefois que ces réformes devront être menées avant «que la mémoire de la crise ne se soit trop estompée».