Le président russe Dmitri Medvedev a relativisé mardi la gravité de la situation économique en Russie qui s'enfonce dans le rouge avec une chute de 10,5% du PIB en avril et un déficit budgétaire revu à la hausse.

«Malgré la période difficile que nous connaissons, rien de hautement dramatique ne s'est produit», a-t-il dit au cours d'une rencontre avec des hommes d'affaires dans sa résidence de Barvikha, près de Moscou.

La situation est «modérément négative», a-t-il assuré, ajoutant que les problèmes étaient «nettement plus graves dans certains pays».

«Quand certains au sein du gouvernement disent que nous ne sortirons pas de la crise dans les 40 à 50 ans à venir, ils devraient aller travailler ailleurs s'ils le pensent», a-t-il dit dans une apparente allusion au ministre des Finances, Alexeï Koudrine.

Si la chute du PIB n'est pas aussi spectaculaire qu'au Japon ou en Ukraine, où elle a atteint 15% à 20% au premier trimestre, elle s'accélère toutefois en Russie d'un mois à l'autre.

«Le PIB a baissé de 9,8% sur quatre mois (janvier à avril) et de 10,5% pour le seul mois d'avril», selon des données préliminaires, par rapport à la même période de 2008, a déclaré le vice-ministre du Développement économique, Andreï Klepatch, cité par les agences russes.

Pour l'ensemble de 2009, l'économie devrait se contracter de 6 à 8%, a-t-il rappelé. Le gouvernement a réajusté dernièrement ses projections après avoir longtemps tablé, à contre-courant des analystes, sur un recul de 2,2% du PIB cette année.

Ce plongeon s'explique avant tout par une contraction du volume d'investissements, a expliqué le vice-ministre. Ceux-ci ont fondu de 16,2% en avril et de 15,8% pour les quatre premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2008.

Le recul de la production industrielle, qui a atteint 16,9% en avril, sur un an, a lui aussi pesé, a-t-il noté.

Parallèlement, le gouvernement a révisé à la hausse sa prévision de déficit budgétaire pour 2009, à 9% du PIB contre 7 à 8% évoqués précédemment.

«Si la situation macroéconomique continue à se dégrader, le déficit peut atteindre 9% du PIB», a déclaré la vice-ministre des Finances, Oxana Serguienko, citée par l'agence Ria Novosti.

Le chef de l'État avait préparé lundi le terrain à cette cascade de mauvaises nouvelles, ne cachant pas que les temps étaient durs et que l'État allait devoir se serrer la ceinture.

Ces dernières années, la Russie a été habituée à des taux de croissance éloquents (6 à 7%) et à des caisses de l'État bien remplies grâce à ses ventes de matières premières, qui ont fondu avec la crise économique mondiale et la chute des cours.

Ses exportations de gaz ont ainsi chuté de 53,3% au premier trimestre par rapport à la même période de 2008, a annoncé le ministère du Développement économique.

L'économie devrait toutefois reprendre des couleurs en juin-juillet, a assuré M. Klepatch. «La chute (du PIB) pourrait s'enrayer en juin et on pourait même observer une croissance si l'on tient compte des variations saisonnières», a-t-il dit.

La situation devrait également se détendre dans le secteur bancaire à partir du second semestre, avec une hausse du volume des crédits à la consommation et aux entreprises, a-t-il ajouté.

En attendant la Sberbank, contrôlée par l'État russe et candidate à la reprise de l'allemand Opel, a vu son bénéfice net divisé par 57 à 800 millions de roubles (28,9 millions CAN) au premier trimestre, contre 45,6 milliards de roubles (1,6 milliards CAN) sur la même période en 2008.