La Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance en Chine en 2009, à +6,5% contre +7,5% précédemment, dans son rapport trimestriel sur l'économie chinoise publié mercredi à Beijing.

«Le déclin économique a un fort impact sur les exportations chinoises et donc les incitations à investir» dans l'économie chinoise, a souligné Louis Kuijs, économiste de l'institution à Pékin.«Il y a aussi des faiblesses au plan interne, dans certains secteurs, en particulier l'immobilier qui tire à la baisse l'activité» dans l'industrie lourde et l'acier notamment, a-t-il dit.

En dépit de ce ralentissement, «nous pensons que l'économie chinoise a mieux tenu que bien d'autres», a-t-il ajouté.

Dans son rapport, la Banque a néanmoins relevé le côté décevant d'une croissance de 6,5% du produit intérieur brut pour la Chine, «bien plus faible» que le potentiel de son économie.

En outre, «dans notre scénario, environ trois quarts de (cette croissance prévue) provient des dépenses influencées par le gouvernement. La croissance aurait été plus faible s'il n'y avait eu cette réponse du gouvernement», pour soutenir demande intérieure, production et emploi, a souligné M. Kuijs.

Beijing a annoncé en novembre un plan de relance de 4000 milliards de yuans (745 milliards CAN), dont le gouvernement central doit apporter quelque 1180 milliards.

La Chine a vu récemment 20 millions d'ouvriers migrants perdre leur emploi, l'activité manufacturière étant frappée par la chute des exportations (-25,7% en février sur un an), tandis que les investissements directs étrangers baissaient de 15,8% en glissement annuel en février.

Le premier ministre Wen Jiabao a lui-même admis vendredi que l'objectif officiel de 8% de croissance en 2009 serait «difficile» à atteindre.

Mais la Banque Mondiale estime aussi que «les fondamentaux économiques (du pays) sont assez solides pour permettre aux autorités d'entreprendre des politiques qui porteront leurs fruits bien au-delà de 2009», notant notamment qu'une réforme du secteur financier «faciliterait le passage à un modèle économique plus équilibré».

«La Chine dispose d'assez de marge au plan budgétaire (...) mais les coûts et bénéfices de mesures de relance supplémentaires doivent être pesés en comparaison avec ceux de dépenses pour la sécurité sociale, l'éducation et la formation», avertit l'institution.

Le gouvernement chinois a déjà annoncé des mesures en sus du plan de relance, dont un projet de réforme du secteur de la santé évalué à 850 milliards de yuans (158 milliards CAN).

Par ailleurs, pouvant s'appuyer sur un confortable matelas de réserves de liquidités, la croissance chinoise n'est pas dépendante de financements étrangers, souligne la Banque mondiale.

«Les banques chinoises ont été largement épargnées par les bouleversements de la finance internationale, et ont commencé à se désendetter, ce qui leur permet d'aider à financer (davantage) l'économie», explique-t-elle.

L'institution met également en avant la consommation privée intérieure: «nous nous attendons à ce qu'elle ralentisse, mais elle devrait rester forte», soutenue notamment par «une baisse de l'inflation» et «un assouplissement de la politique monétaire», soutient-elle.