Ventes en chute libre au Japon et en Espagne, baisse des immatriculations en Italie et plus réduite en France: les chiffres de janvier, publiés lundi, ont confirmé la persistance de la crise du secteur automobile, qui pousse les constructeurs à demander des aides et à envisager des fusions.

Le ralentissement est particulièrement fort au Japon, où les ventes de véhicules neufs, hors mini-voitures, ont chuté de 27,9% en janvier sur un an, tombant à leur plus bas niveau depuis 41 ans, selon les concessionnaires. Ce recul, le sixième d'affilée, est le plus brutal depuis mai 1974.

En Espagne, les immatriculations de voitures neuves ont baissé de 41,6% en janvier sur un an, selon l'Association nationale des fabricants d'automobiles (Anfac). La semaine dernière, l'Anfac avait annoncé qu'elle s'attendait à un repli d'environ 23% des ventes en 2009 par rapport à 2008, année où les immatriculations avaient déjà baissé de 28% en Espagne.

Le groupe automobile français PSA vient d'annoncer aux syndicats en Espagne qu'il allait réduire son activité dans son usine près de Madrid. La mesure devrait affecter jusqu'à 2800 personnes.

Son projet prévoit une fermeture totale de l'usine pendant un certain nombre de jours, du chômage technique tournant et un plan de départs volontaires.

En Italie, les immatriculations de voitures neuves ont chuté à nouveau de 32,6% en janvier, selon le ministère des Transports italien. Sur l'ensemble de 2008, elles ont connu un recul de 13,36%, le pire résultat depuis douze ans.

Le groupe Fiat (Fiat, Lancia, Alfa Romeo) a enregistré un effondrement de ses ventes de 31,32% en janvier. L'écroulement des ventes entraîne les entreprises du secteur, dont Fiat qui est le premier employeur privé du pays avec 78 000 salariés, à mettre massivement leurs salariés au chômage technique.

En Pologne, l'usine du groupe automobile allemand Volkswagen à Poznan a arrêté la production pour trois jours à compter de lundi faute de commandes.

Le ciel est légèrement moins sombre en France, où les acquisitions de voitures particulières neuves ont baissé de «seulement» 7,9% en janvier par rapport à janvier 2008. Après novembre (-14%) et décembre (-15,8%) en chute libre, ce recul plus limité traduit «un effet prime à la casse», estime le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Cette mesure mise en place en décembre permet à tout acheteur de bénéficier d'une prime de 1000 euros s'il met au rebut un véhicule de plus de dix ans.

La situation française pourrait donner du grain à moudre aux constructeurs espagnols qui réclament la mise en place d'une prime à la casse dans le royaume ibérique. Outre la France, plusieurs pays européens ont déjà adopté ce dispositif, comme l'Allemagne, où la prime est de 2500 euros.

Pour étayer sa demande, l'Anfac affirme que 100 000 travailleurs sont affectés par la crise du secteur automobile en Espagne.

Au Japon, des milliers d'emplois ont déjà été supprimés. En France, le directeur général adjoint de Renault Michel Gornet affirme que le constructeur devra gérer «au moins jusqu'en 2010 (...) des périodes de sous-activité».

Les sous-traitants souffrent aussi. Les fournisseurs américains, qui emploient plus de 700 000 personnes, s'apprêtent à remettre une pétition au gouvernement pour demander une assistance fédérale.

Ils avaient déjà tenté leur chance en vain en novembre, quand le Congrès examinait la possibilité d'une rescousse financière en faveur de deux des principaux constructeurs américains, General Motors et Chrysler, qui ont obtenu 13,4 milliards de dollars de prêts du gouvernement fédéral.

Depuis, la situation a empiré. La production automobile américaine a été réduite de 36% en décembre et devrait continuer à diminuer au premier trimestre 2009, GM, Chrysler et Ford ayant quasiment cessé de produire des véhicules en janvier.

Ce marasme alimente les rumeurs de concentrations dans le secteur. Lundi, le quotidien économique La Tribune a rapporté que le constructeur automobile allemand BMW avait rencontré des conseillers du gouvernement français le 21 janvier pour étudier une alliance avec PSA Peugeot Citroën. BMW a confirmé la tenue de cette réunion, mais a précisé qu'elle ne portait pas sur «des coopérations industrielles». Le groupe français, lui, n'a pas commenté cette information.

 Par ailleurs, HZ Holding France, en «étroite coopération» avec le groupe allemand Johann Hay, spécialisé dans la fabrication de pièces automobiles, va reprendre l'usine Ford de Blanquefort, dans le sud-ouest de la France et devrait conserver les 1600 emplois du site, ont annoncé lundi leurs dirigeants.