Grands patrons, chefs d'État et premiers ministres se sont retrouvés mercredi à Davos pour le Forum économique mondial, où l'habituelle autocélébration a laissé place à l'angoisse face à la récession qui menace la planète.

Signe des temps, les grandes figures de la banque américaine font profil bas et les vedettes de cette première journée sont le premier ministre chinois Wen Jiabao et son homologue russe Vladimir Poutine.L'ambiance n'est décidément plus à la fête dans la station suisse où le programme de cocktails et de soirées a été réduit et où le ballet de limousines est moins intense qu'à l'habitude.

L'année dernière à Davos, la crise semblait encore cantonnée aux banques occidentales qui avaient joué avec les hypothèques risquées. La Chine et l'Inde devaient sauver le monde de la récession.

Cette fois, toutes les secteurs de l'économie et toutes les régions du monde sont concernés.

«Le mythe du découplage (entre pays émergents et pays développés) a explosé en vol», a estimé Tony Poulter, du cabinet de consultants PricewaterhouseCoopers, auteur d'une étude annonçant une chute de la confiance des patrons dans le monde.

Il y a un an, la moitié des PDG se disaient «très confiants» dans une hausse de leur chiffre d'affaires dans les douze mois. Ils ne sont désormais plus que 21% (étude réalisée au dernier trimestre 2008).

«La chute de la confiance des patrons des pays émergents a davantage chuté que celle des patrons des pays développés», a relevé M. Poulter.

Si Davos reste un endroit où l'on vient avant tout faire des affaires en privé et enchaîner les rendez-vous de haut niveau dans les hôtels chics, le besoin de comprendre ce qui se passe dans le monde est cette fois palpable.

Fait inhabituel, des dizaines de congressistes ont trouvé porte close dès mercredi matin pour deux débats sur l'économie qui affichaient complet malgré l'absence de grande vedette.

Outre la récession elle-même, un autre thème revient sans cesse à Davos, haut lieu du libéralisme économique: le retour de l'État. Après avoir dépensé des milliards pour sauver les banques et soutenir l'économie, quelle marge de manoeuvre les gouvernements vont-ils laisser aux entreprises?

«Pour restaurer la confiance qui est fondamentale pour le fonctionnement des marchés, nous avons besoin d'une meilleure régulation, d'une meilleure supervision, d'une meilleure gouvernance des entreprises», a déclaré le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria.

Autre thème fort: le retour du protectionnisme, un réflexe dénoncé haut et fort comme un risque pour la croissance mondiale mais qui apparaît bien tentant pour nombre de dirigeants politiques.

Une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement sont attendus d'ici samedi à Davos, presque deux fois plus que l'année dernière mais les Américains brillent par leur absence.

L'équipe Obama, concentrée sur l'adoption de son plan de relance économique, se contente d'envoyer une conseillère du nouveau président.

Le reste de la semaine verra notamment les interventions de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du premier ministre britannique, Gordon Brown.

Côté paillettes, la balance penche fortement du côté de l'Asie avec la venue de la vedette chinoise des films d'arts martiaux Jet Li et de l'acteur indien Amitabh Bachchan, roi de Bollywood.

Mais Bono, le chanteur du groupe U2, qui venait chaque année plaider la cause des pays endettés d'Afrique, a cette fois fait l'impasse.