Le gouvernement français a de nouveau revu en hausse dimanche sa prévision de déficit budgétaire pour 2008, plombé par le ralentissement économique et le plan de relance qui constituent un cocktail explosif pour les finances publiques.

Le ministre du Budget Eric Woerth a indiqué que le déficit de l'Etat se situerait cette année «aux alentours de 56 ou de 57 milliards d'euros». Cette révision intervient moins de deux semaines après l'adoption d'une version rectifiée du budget par le Parlement, creusant déjà le déficit à 51,7 mds d'euros contre 41,7 initialement inscrits dans la loi de finances.

Le manque à gagner en matière fiscale, en raison du ralentissement économique, devrait être plus important que prévu et atteindre «10 à 12 milliards d'euros», a reconnu M. Woerth.

C'est la troisième fois que le gouvernement révise l'estimation de ses recettes fiscales, dont les résultats définitifs ne seront connus que dans le courant de l'année.

Pour 2008, «on avait prévu des recettes fiscales de l'ordre de 271 milliards d'euros» dans la loi de finances et «en fait, je pense qu'on sera plutôt aux alentours de 260», a expliqué M. Woerth.

A cause de l'impact de la crise sur la consommation, l'Etat peut compter sur «un peu moins» de TVA que prévu, selon lui, alors qu'elle constitue sa première recette fiscale.

L'impôt sur les sociétés sera aussi «de l'ordre de 4 à 4,5 mds en dessous des prévisions initiales» cette année, signe que les entreprises enregistrent des résultats moins bons que prévu.

Le déficit est aggravé par les dépenses du plan de relance de 26 milliards d'euros contre la crise, et dont une partie a été préfinancée en 2008.

Le ministère du Budget avait déjà reconnu lundi que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) pourrait dépasser pour 2008 la barre de 3% du Produit intérieur brut, maximum autorisé par Bruxelles, au lieu des 2,9% prévus. La Commission européenne a toutefois fait savoir qu'elle ferait preuve de «flexibilité» en raison de la crise.

En 2009, la France a d'ores et déjà annoncé qu'elle serait bien au-delà (3,9% du PIB), avec notamment un déficit pour l'Etat «aux alentours de 79 milliards d'euros», contre 57,6 mds prévus initialement.