Les locaux vacants de la Plaza St-Hubert, à Montréal, prennent des couleurs. À compter de ce week-end, une dizaine d'entre eux dévoilent des vitrines annonçant qu'ils sont libres pour des aventures entrepreneuriales. « Local en vue pour votre clinique d'optométrie », « Ce local serait frais pour votre poissonnerie », « Ouvrir un fleuriste ici : ça serait le bouquet »...

L'initiative marketing a été concoctée par l'agence Sid Lee pour la Banque Nationale, qui souhaite se rapprocher des entrepreneurs et consolider son positionnement « entreprise », un secteur qui a vu ses revenus croître de 9 % au dernier trimestre, comparé à il y a un an.

La campagne est assortie d'un concours permettant à un entrepreneur d'obtenir 25 000 $ de l'institution financière pour son entreprise. « On veut que les gens soient inspirés par l'entrepreneuriat, dit Jean-François Boyer, directeur principal, stratégie et exécution marketing, entreprises, à la Banque Nationale. L'été est un bon moment pour une telle campagne. Les imprimés sont festifs. On veut aider à la promotion de ces locaux. Après, si les gens viennent se financer chez nous, c'est un souhait, mais pas une exigence. »

« Si ça déclenche une idée chez certains, c'est bon ! ajoute Julie Provençal, vice-présidente exécutive de Sid Lee. Ça positionne la Banque Nationale comme partenaire. »

Au moment même où des commerces vacants de l'avenue Laurier, à Outremont, se parent d'oeuvres d'art et se métamorphosent en galeries d'art, la Banque Nationale jette son dévolu sur un tronçon de la rue Saint-Hubert qui attire désormais des commerces divers. « On accueille de nouveaux créateurs alimentaires, affirme Mike Parente, directeur général de la Société de développement commercial de la Plaza St-Hubert, qui compte 400 places d'affaires. Ça bouge ! »

« Et il y a une symbolique autour de la Plaza, explique Jean-François Boyer. On voulait un endroit où la Banque Nationale avait toujours été présente. »

UN PROJET BIEN ACCUEILLI

Il faut dire que les propriétaires ont accueilli le projet à bras ouverts et accepté qu'on maquille totalement les vitrines de leurs locaux vacants. Cette initiative ne leur coûte d'ailleurs rien. La Banque Nationale en assume totalement les frais. « Difficile d'être contre ! admet Nicolas Nadeau-Ouellet, avocat et représentant du Groupe Shiller, dont deux des locaux (de 2500 et 7600 pi2), libres depuis au moins six mois, font partie de l'opération. On a aussi été séduits par le concours, un incitatif réel pour un entrepreneur local. »

Les grandes affiches seront visibles pendant six semaines. « C'est beaucoup plus d'efforts que pour une campagne traditionnelle, note Julie Provençal. Les visuels ne sont pas déployés de manière trop publicitaire. C'était important de le faire de façon authentique, de montrer que la Banque Nationale s'implique concrètement. Ça démontre qu'elle a fait tous les efforts pour être près des commerçants. »

« Comme les institutions offrent toutes des produits différents, on veut avoir un angle pratico-pratique », poursuit Jean-François Boyer.

Cette initiative survient à la veille de grands travaux de réfection sur la Plaza St-Hubert et du changement de ses marquises. « La baisse d'achalandage que peuvent engendrer les travaux est une crainte, note Mike Parente. Mais ils sont une nécessité. Le système d'égouts et d'aqueducs est vieux. Il y a heureusement en place un programme qui permet de rembourser 40 % des rénovations de locaux. Et la Ville devrait arriver cet automne avec un programme de compensation. »