Carbonleo a annoncé hier que son centre commercial Royalmount sera aussi appelé à devenir un pôle hôtelier regroupant plus de 1000 chambres. Et le promoteur a martelé que les travaux de construction commenceront dès l'été prochain pour une ouverture en 2022.

Son président et chef de la direction, Andrew Lutfy, prenait la parole devant 320 personnes au Cercle canadien de Montréal à l'hôtel Sheraton, au centre-ville, hier midi.

Dans une première phase, d'une valeur de 1,2 milliard de dollars, on construira une demi-douzaine d'établissements hôteliers totalisant plus de 1000 chambres, a signalé le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, dans une mêlée de presse suivant l'allocution de M. Lutfy. Ce dernier a précisé aux journalistes qu'il travaillait en étroite collaboration avec Aéroports de Montréal.

Au sujet de l'allocution de l'homme de 53 ans, disons qu'il n'en a pas dit beaucoup plus que ce qui était déjà connu. Il n'a rien dit sur le financement du projet et a refusé de répondre à une question portant sur le pourcentage de la superficie qui est déjà sous bail.

Le centre ouvrira en 2022, a-t-il néanmoins assuré. « Le zonage est en place, dit-il. Nous avons l'appui de la Ville de Mont-Royal. Techniquement, nous n'avons pas besoin du feu vert de la Ville de Montréal ni de l'agglomération de Montréal pour aller de l'avant, mais nous avons quand même présenté le projet au cabinet de la mairesse Plante il y a une ou deux semaines. Ils sont en train de se faire une tête, et je m'attends à ce qu'on nous contacte à nouveau. »

TRENTE MILLIONS DE VISITEURS PAR AN

Outre des hôtels, le Royalmount, qui s'étend sur 3,5 millions de pieds carrés, comprendra un parc aquatique, une piazza, des restaurants, deux salles de spectacles, un cinéma, un bar-sportif « réinventé », un marché public et des tours de bureaux. On ne connaît toutefois pas la superficie du projet qui sera consacrée aux magasins et boutiques.

M. Lutfy, qui préside aussi le Groupe Dynamite, s'attend à recevoir 30 millions de visiteurs par an, ce qui ferait du Royalmount l'un des centres commerciaux les plus courus du Québec, devant le DIX30 et le Centre Eaton.

D'après lui, Royalmount, un projet de 1,6 milliard, est bon pour Montréal, car il va colmater les fuites commerciales des Montréalais vers le DIX30, sur la Rive-Sud, et le Centropolis, à Laval. Propriétaire du DIX30, Carbonleo estime que 15 % de la clientèle des 65 restaurants du centre commercial proviennent de l'île de Montréal et de L'Île-des-Soeurs.

TAXE FONCIÈRE ET CONGESTION ROUTIÈRE

Les retombées en taxe foncière se chiffreront à 40 millions par an, somme qui serait partagée moitié-moitié entre Mont-Royal et l'agglomération. Le budget annuel de Mont-Royal est d'environ 90 millions.

M. Lutfy est aussi revenu sur la question de la congestion routière. Sur la base d'une étude de la firme WSP, il ne croit pas que son projet empirera la congestion dans le secteur. Au contraire, il pense qu'avec des mesures ciblées, de concert avec le ministère des Transports, la situation s'améliorera. Il entend utiliser une partie de son terrain en façade de Côte-de-Liesse pour agrandir la voie de desserte.

RÉACTIONS DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Farouchement critique du projet Royalmount du temps où il formait l'opposition, Projet Montréal dit toujours avoir de sérieuses réserves maintenant qu'il est au pouvoir. « On avait des préoccupations sérieuses quant à l'impact sur la circulation et la vitalité commerciale. On reste avec ces mêmes préoccupations », a indiqué Eric Alan Caldwell, élu responsable de l'urbanisme et des transports.

L'administration Plante a rencontré récemment le promoteur « pour ouvrir un dialogue ». Il n'est pas tout à fait clair si Montréal peut s'opposer à la construction du Royalmount, puisqu'il se trouve sur le territoire de Mont-Royal. Certaines responsabilités relèvent toutefois de l'agglomération, dont la circulation et la vitalité commerciale. « Et autant de circulation dans ce secteur est un réel problème », a fait savoir M. Caldwell.

- Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Photo Marco Campanozzi, Archives La Presse

Andrew Lutfy, président et chef de la direction de Carbonleo