Un scandale qui fait rage au Royaume-Uni en raison d'allégations d'inconduites sexuelles lors d'un évènement caritatif s'invite dans les affaires de la branche immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui a décidé de prendre ses distances d'un partenaire à la tête du club très sélect éclaboussé par cette affaire.

Ivanhoé Cambridge a confirmé à La Presse canadienne dimanche avoir mis sur la glace sa relation d'affaires avec le gestionnaire immobilier londonien Residential Land, propriété de l'homme d'affaires Bruce Ritchie.

Ce dernier était l'un des coprésidents du prestigieux Presidents Club, plongé dans la tourmente depuis la publication d'une enquête du Financial Times à la suite d'une soirée caritative qui s'est déroulée le 18 janvier dernier, à laquelle participaient quelque 360 personnalités masculines du monde politique et des affaires.

Deux journalistes du quotidien britannique avaient été en mesure d'assister incognito à cette collecte de fonds dont la liste des invités était très sélecte. Ils ont raconté avoir constaté des abus physiques comme des attouchements ainsi que du harcèlement à l'endroit des hôtesses engagées par le Presidents Club. L'homme d'affaires n'est toutefois pas visé directement pour des gestes inappropriés dans l'enquête du journal.

«Nous sommes profondément troublés par les événements et comportements rapportés dans les médias, qui sont contraires à nos valeurs fondamentales, a souligné Ivanhoé Cambridge, dans une déclaration envoyée par courriel. Dans les circonstances, nous avons cessé tout investissement futur avec l'entreprise.»

Le bras immobilier du bas de laine des Québécois n'a pas voulu faire d'autres commentaires sur l'affaire «à ce moment-ci», comme sur ce qu'il pourrait advenir avec les investissements déjà existants avec ce partenaire. Dimanche après-midi, personne chez Residential Land n'était en mesure d'offrir des commentaires aux questions de La Presse canadienne.

Fondé au début des années 1990, le groupe de M. Ritchie, qui possède et gère un portefeuille d'environ 1200 propriétés, était un important partenaire d'Ivanhoé Cambridge dans le marché immobilier londonien.

En 2015, la filière immobilière de la CDPQ faisait partie d'une coentreprise visant à investir quelque 650 millions de livres sterling - plus de 1 milliard $ CAN - dans le marché de Londres.

Au cours de cette année, une transaction de 160 millions de livres sterling avait notamment été annoncée visant l'acquisition de deux complexes - Hamlet Gardens et 4B Merchant Square - situés dans des quartiers prisés de Londres.

Dans son rapport annuel 2016, le plus récent, Ivanhoé Cambridge indique détenir quelque 600 propriétés avec Residential Land, expliquant que cela lui permettait d'être un joueur de «premier plan en immobilier résidentiel dans cette ville».

En date du 31 décembre 2016, les actifs Ivanhoé Cambridge, fondée en 1953, étaient évalués à environ 56 milliards $. Au total, le gestionnaire immobilier détenait, par l'entremise de filiales et de partenariats, des participations dans près de 800 immeubles, notamment au Canada, aux États-Unis, en France ainsi qu'à Londres.

Dans la foulée de l'enquête du Financial Times, le Presidents Club avait annoncé qu'il allait cesser d'organiser des collectes de fonds. L'affaire a également incité de nombreux bénéficiaires, comme des hôpitaux, à mettre fin à leur association avec l'événement en refusant entre autres des dons.

La Banque d'Angleterre a même été forcée d'intervenir étant donné qu'un des prix proposés aux enchères proposait un thé avec le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney, anciennement à la tête de la Banque du Canada.

L'institution britannique s'était rapidement distancée du Présidents Club en affirmant notamment qu'elle n'avait pas approuvé qu'un tel prix soit offert à l'encan et qu'elle n'avait jamais été en contact avec les organisateurs de cette collecte de fonds.