Une chute de 30 % du prix des maisons en deux ans pousserait 120 000 ménages québécois de plus à tomber dans une zone d'inconfort, selon une étude de Desjardins publiée hier.

Un inconfort financier traduit une situation où le ratio dette/actif (RDA) dépasse 80 % de la valeur de son actif, donc 0,80 $ de dettes ou plus par dollar d'actif.

Actuellement, environ 350 000 ménages sont dans une situation d'inconfort. Comme l'immobilier constitue en moyenne 66 % de l'actif des Québécois endettés, une baisse de valeur significative du patrimoine immobilier ferait basculer 120 000 ménages de plus dans l'inconfort. Au total, 21 % de l'ensemble des ménages se trouveraient dans cette situation, estime Hélène Bégin, économiste.

Être inconfortable sur le plan financier ne veut pas dire qu'on doit déposer son bilan demain matin. Selon le Bureau du surintendant des faillites, les ménages qui se retrouvent en situation d'insolvabilité ont habituellement deux fois plus de dettes que d'actif.

DEUX SCÉNARIOS

Mme Bégin a étudié deux scénarios : un recul du prix moyen des habitations de 15 % étalé sur deux ans, et celui de la baisse de 30 %.

En fait, une baisse de prix de 30 % ramènerait le prix des maisons au niveau de 2007, tandis qu'une baisse de 15 % renvoie aux prix de 2010.

« Au Québec, il est arrivé des corrections importantes au début des années 80, puis au début des années 90, mais, de mémoire, la baisse n'a pas dépassé les 10 à 15 %. En allant avec une baisse de 15 % et une baisse de 30 %, on peut voir jusqu'où on recule par rapport au niveau actuel », dit l'économiste, qui rappelle, dans le même souffle, qu'il n'y a pas de baisse de prix qui se profile à l'horizon.

« [Advenant une baisse de prix], les conséquences ne seraient pas désastreuses pour l'ensemble des ménages québécois, mais certains pourraient se retrouver dans une fâcheuse position », dit-elle.

« Dans le fond, ajoute Mme Bégin, ça toucherait surtout les gens qui ont acheté ou qui ont refinancé leur propriété récemment. »