Les ventes dans le marché résidentiel canadien ont connu une forte baisse le mois dernier, a indiqué jeudi l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), attribuant notamment cette chute à l'effet d'une taxe imposée aux acheteurs étrangers dans la région du Grand Toronto.

Le nombre de propriétés résidentielles vendues à l'échelle du pays a diminué de 6,2 % en mai, comparativement au mois précédent. Il s'agit de la plus importante baisse mensuelle en cinq ans, a souligné l'ACI.

Les ventes effectuées en mai dans le Grand Toronto ont à elles seules baissé de 25,3 % par rapport à avril, a précisé l'association, qui représente des agents immobiliers, des courtiers et des représentants aux ventes.

Ces nouvelles données démontrent que, si la question des ventes résidentielles peut être considérée comme locale, des changements apportés dans un marché aussi vaste que celui de Toronto peuvent avoir des répercussions à l'échelle nationale.

L'ACI précise en outre que mai est le premier mois complet à s'être écoulé depuis la mise en place de changements visant des acheteurs étrangers dans la politique du logement ontarienne, à la fin avril.

Ces modifications «se sont traduit(e)s par des marchés plus équilibrés dans l'ensemble du Grand Golden Horseshoe», a relevé l'économiste en chef de l'ACI, Gregory Klump, dans un communiqué.

«Les marchés du logement de la région qui ont connu la plus forte baisse en mai sont ceux d'Oakville et du Grand Toronto, ce qui semble indiquer que les changements ont mis un frein aux achats de maison à des fins spéculatives.»

Le gouvernement ontarien a mis en place plus d'une dizaine de mesures visant à stabiliser le marché de l'immobilier particulièrement actif de Toronto et de ses environs. Parmi celles-ci: une taxe de 15 % imposée aux acheteurs étrangers.

Les prix ont bondi, rendant le marché hors de portée pour plusieurs acheteurs potentiels de maison.

Mais selon Sal Guatieri, un économiste principal de la Banque de Montréal, les nouvelles règles, même si elles ont eu un effet, ont simplement permis le retour d'«un semblant de normalité après un hiver frénétique».

«Étant donné le fort recul économique, démographie et financier, il ne faut pas s'attendre à ce que le marché du Grand Toronto ne se relève pas», dit l'économiste dans une note à ses clients.

Il estime que «la balle» est désormais «dans le camp de la Banque du Canada», qui devra sortir «l'artillerie lourde» en haussant les taux d'intérêt.

La banque centrale a laissé entendre cette semaine que l'époque des taux d'intérêt historiquement bas pourrait tirer à sa fin. Le gouverneur Stephen Poloz a estimé que les coupes au taux directeur avaient «fait leur travail» et que l'économie semblait prendre son élan.

Une telle affirmation a été perçue par des observateurs comme un indicateur qu'une hausse pourrait survenir d'ici six à douze mois.

En ce qui a trait au marché hautement surveillé de Vancouver, les ventes ont augmenté de 22,8 % d'un mois à l'autre. Certains craignent que le marché de la métropole se rapproche d'une bulle immobilière, moins d'un an après que la Colombie-Britannique eut instauré une taxe aux acheteurs étrangers de propriétés situées dans la région de Vancouver.

À l'échelle du pays, le coût moyen pour toutes les résidences vendues en mai est de 530 304 $. Ce prix est gonflé par les marchés de Toronto et de Vancouver, où il atteint en moyenne 863 910 $ et 1,11 million $ respectivement.