La Caisse de dépôt réorganise son portefeuille immobilier au centre-ville de Montréal et mettra bientôt en vente le 1000 De La Gauchetière, le plus haut gratte-ciel de la métropole. La transaction pourrait dépasser le cap du demi-milliard de dollars, estiment certaines sources de l'industrie.

« On est non seulement confiants, mais on est persuadés que ça va susciter un vif intérêt de la part des grands investisseurs », a résumé hier Bernard Poliquin, vice-président principal, bureaux, Québec, chez Ivanhoé Cambridge, la filiale immobilière de la Caisse.

Le bas de laine des Québécois est propriétaire de l'immeuble depuis 2002. Le prix d'achat s'était à l'époque élevé autour de 200 millions. L'évaluation municipale du gratte-ciel de 51 étages se situe aujourd'hui à 366 millions.

500 MILLIONS ?

Les immeubles de qualité AAA sont toutefois rares à Montréal, et l'appétit des grands investisseurs pour ce type d'actifs, élevé. Le prix obtenu pourrait ainsi s'avérer bien supérieur à la valeur au rôle foncier. Bernard Poliquin refuse de préciser sa cible, mais une source bien au fait de l'industrie estime que la tour de 920 000 pieds carrés pourrait se vendre entre 500 et 600 millions.

La Cité du commerce électronique, un complexe de deux gratte-ciel de 17 et 27 étages situés à quelques centaines de mètres, a par exemple été vendue pour 429 millions l'an dernier, selon les chiffres de la firme Avison Young. La vente de la Tour KPMG avait quant à elle généré une quinzaine d'offres d'achat en 2015. L'immeuble s'était vendu 181 millions.

« Quand on regarde les transactions des deux dernières années, on voit qu'il y a vraiment un intérêt pour les propriétés de cette catégorie-là, a fait valoir Bernard Poliquin en entrevue à La Presse. Pour nous, c'est un signal que le moment est venu de faire la mise en marché de l'édifice. »

Selon lui, nombre d'investisseurs canadiens et internationaux pourraient se montrer intéressés par le gratte-ciel occupé à 90 %. Il cite notamment les caisses de retraite, les fonds souverains ou encore les fonds d'investissement étrangers.

TOUJOURS ACTIVE À MONTRÉAL

Le vice-président d'Ivanhoé Cambridge insiste sur un point : la vente de l'immeuble inauguré en 1992 ne constitue pas un désaveu du marché de Montréal, « bien au contraire ». Il rappelle que son groupe s'est engagé à investir 1 milliard au centre-ville, dont 200 millions pour la rénovation de l'esplanade de la Place Ville Marie et 140 millions pour la transformation de l'hôtel Reine Elizabeth.

La filiale de la Caisse inaugurera aussi la Maison Manuvie l'automne prochain. Ivanhoé étudie divers scénarios en vue de construire un gratte-ciel du même type ailleurs au centre-ville. « On est à l'affût, on est en mode recherche, et dans certains cas, en analyses préliminaires », a affirmé Bernard Poliquin.

Par ailleurs, Ivanhoé Cambridge annoncera bientôt ses plans pour la rénovation de ses trois centres commerciaux du centre-ville, soit le Centre Eaton, le Complexe Les Ailes et la Place Montréal Trust.

366 millions

Valeur du gratte-ciel de 51 étages, selon l'évaluation municipale, dont le prix d'achat s'élevait à environ 200 millions en 2002