Malgré des ventes et des prix en hausse depuis quelques trimestres, le marché immobilier montréalais reste tout près de ses seuils d'accessibilité historiques, alors que ceux de Toronto et de Vancouver sont devenus hors de prix pour bien des acheteurs.

Dans une étude publiée hier, RBC confirme que son indice d'accessibilité s'est à peine dégradé au premier trimestre de 2016 à Montréal. Cette mesure vise à calculer la part du revenu des ménages avant impôt nécessaire pour couvrir les versements hypothécaires, l'impôt foncier et le coût des services publics dans un marché donné.

« Comme c'est le cas depuis 2012, l'accessibilité à la propriété a peu changé au premier trimestre ; les acheteurs n'ont donc pas eu à subir de grande augmentation des coûts de propriété [contrairement à Vancouver et Toronto] », souligne le rapport.

Avec un prix médian de 373 200 $ (en hausse de 3,4 % sur un an), posséder une propriété coûte aux ménages montréalais 42,9 % de leurs revenus, indique RBC. Cela représente une faible hausse de 0,2 % sur un an, et une légère progression par rapport à la moyenne de 39,9 % affichée depuis trois décennies.

FOLIE À VANCOUVER

Cette relative stabilité contraste en tous points avec la frénésie observée à Vancouver et à Toronto. Dans la métropole de la Colombie-Britannique, les propriétaires doivent aujourd'hui consacrer 87,6 % de leurs revenus avant impôt pour détenir une propriété. La moyenne de l'indice RBC se situait à 59,2 % depuis 1985.

Signe de cette folie immobilière, le prix médian des propriétés - tous types confondus - a bondi de 24 % depuis un an à Vancouver, à 992 200 $.

L'augmentation est aussi marquée à Toronto, mais dans une moindre mesure. Le ratio RBC atteint 60,6 %, alors que la moyenne depuis 1985 est de 47,8 %. La valeur médiane des propriétés s'élève à 643 900 $ dans la Ville Reine.

« À court terme, nous ne voyons pas de fin à ces importants écarts en raison de la vigueur exceptionnelle du marché de la revente à Vancouver et à Toronto, et du fait que la demande surpasse largement l'offre dans ces deux marchés », a fait valoir Craig Wright, économiste en chef à la RBC.

La hausse marquée des prix dans ces deux marchés suggère toutefois une « spéculation excessive qui n'est pas entièrement justifiable compte tenu des facteurs fondamentaux », ajoute M. Wright. Une inquiétude exprimée par plusieurs organismes - dont l'Organisation de coopération et de développement économiques - au cours des derniers mois.

À l'échelle canadienne, la « mesure d'accessibilité RBC » s'est élevée à 47,1 % au premier trimestre. Le ratio a augmenté de 2,4 % depuis un an au pays, mais il demeure relativement proche de sa moyenne historique de 42,6 %.