Une filiale du Groupe Catania, à qui la Ville de Montréal réclame plus de 23 millions de dollars pour des affaires de collusion, lancera le mois prochain la première phase d'un superprojet de 4000 habitations à l'ouest du centre-ville.

L'arrondissement de Lachine a approuvé la semaine dernière les travaux d'infrastructures du projet Villanova, mis de l'avant par Développement Lachine-Est (DLE), a appris La Presse. Cette entreprise est une filiale du Groupe Catania, aujourd'hui en liquidation sous le contrôle judiciaire de la firme PricewaterhouseCoopers (PwC).

« On est prêt à ouvrir le projet au public, a indiqué Louis Aucoin, le porte-parole mandaté par PwC dans ce dossier. À terme, ce sera le plus important projet immobilier de l'île de Montréal. »

Le projet du Groupe Catania, en gestation depuis 2012, vise à réhabiliter d'immenses terrains industriels à la jonction du canal de Lachine et du lac Saint-Louis. La première phase est prévue sur le site de l'ancienne usine Jenkins et devrait compter environ 600 unités. La construction d'un immeuble de 51 copropriétés commencera d'ici un mois, dit M. Aucoin.

UN PROMOTEUR ACCUSÉ AU CRIMINEL

La réputation du promoteur est entachée. Le président du groupe, Paolo Catania, fait face à plusieurs accusations criminelles, dont complot, fraude et abus de confiance, ainsi qu'à plus de 100 chefs d'accusation de Revenu Québec.

Paolo Catania a été arrêté en 2013 par l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Il a placé cinq entreprises de son groupe en liquidation l'année suivante, dont DLE. Le liquidateur PwC estime toutefois que les créanciers - incluant la Ville de Montréal - ont de meilleures chances de revoir leur argent si le projet immobilier de Lachine va bel et bien de l'avant.

PwC gardera un contrôle serré sur le chantier, qui sera mené par l'équipe de DLE, a indiqué Louis M. Aucoin.

« Tout ce qui est contractuel, tout ce qui est finances est autorisé par PwC, qui doit même parfois retourner devant la cour pour obtenir certaines autorisations. » - Louis Aucoin, le porte-parole mandaté par PwC dans le dossier

Paolo Catania, qui subit ces jours-ci son procès aux côtés de ses coaccusés dans le cadre du projet immobilier Faubourg Contrecoeur, ne jouera pas un rôle « au quotidien », mais il demeure investisseur, a précisé le porte-parole.

IMPACT SUR LES VENTES ?

Selon Louis Aucoin, la mauvaise réputation du Groupe Catania ne nuira pas au succès du projet Villanova. « D'abord, le promoteur est un promoteur d'expérience, et ça, ça compte. On n'a aucun doute que le projet est réalisé selon les règles. Il a l'aval de l'arrondissement. »

M. Aucoin fait valoir les divers avantages du complexe, dont la proximité des cours d'eau et de la future gare de train de banlieue du Canal. Au total, le projet Villanova est évalué à 1,3 milliard et devrait couvrir l'équivalent de 40 terrains de football. Plusieurs parcelles devront être décontaminées en cours de route.

Les travaux autorisés la semaine dernière par l'arrondissement de Lachine prévoient notamment la construction de conduites de distribution d'eau, d'un système d'éclairage et d'une station de pompage sur le site de l'ancienne usine Jenkins. Selon l'entente, le promoteur devra assumer la totalité des coûts de ces travaux, soit un peu plus de 3 millions. L'arrondissement exigera aussi une lettre de garantie bancaire équivalant à 100 % des coûts de ces travaux d'infrastructure pour se protéger en cas de défaut.

Dans un courriel à La Presse, le maire de l'arrondissement de Lachine, Claude Dauphin, s'est montré ravi de voir le projet aller de l'avant. « L'usine Jenkins a fermé ses portes en 1990. Comment ne pas être heureux, plus de 25 ans plus tard, que ces ruines cèdent enfin leur place à un nouveau quartier, un nouveau milieu de vie adapté aux familles ? »

Selon un jugement rendu en mai 2015 dans le cadre du processus de liquidation, la phase 1 du projet « permet d'anticiper un profit d'approximativement 10 millions, avant impôts ». PwC devra obtenir des autorisations de la cour avant de procéder à une éventuelle phase 2.