Un vétéran de la scène immobilière de Montréal, Richard Hylands, président de la société Kevric, ne comprend pas pourquoi le gouvernement du Québec accorde un contrat sans appel d'offres à la Société de développement Angus pour reloger les fonctionnaires au centre-ville à un moment où le marché penche nettement en faveur des locataires.

« J'ai toujours des réserves quand des projets se font octroyer sans appels d'offres. Je ne vois pas pourquoi la Société Angus est traitée différemment de toutes les autres », dit M. Hylands, au téléphone.

Jeudi, La Presse rapportait que le gouvernement du Québec donnait le feu vert à une version 2.0 du projet Carré Saint-Laurent, à l'angle de Sainte-Catherine et de Saint-Laurent, au coeur du Red Light de Montréal. La première phase du projet consiste à construire un immeuble de huit étages pour y loger 900 fonctionnaires de l'immigration occupant 150 000 pi2. Le contrat de 25 ans d'une valeur dépassant largement les 100 millions de dollars a été accordé sans appel d'offres. La mise en chantier du bâtiment devrait commencer en août prochain.

Pour M. Hylands, le gouvernement aurait dû exprimer son besoin de trouver des locaux par appel d'offres de façon à susciter la concurrence entre les propriétaires du centre-ville et obtenir la meilleure offre qui soit.

« Le taux d'inoccupation est historiquement élevé. On approche les 15 %. C'est un moment intéressant pour les appels d'offres. Les propriétaires sont prêts à faire des offres concurrentielles. »

- Richard Hylands, président de la société Kevric

La société de M. Hylands, Kevric, a encore 100 000 pi2 à louer à la Tour Aimia, qui vient d'être construite à l'angle de McGill et de Viger.

Selon l'agence immobilière Devencore NKF, le taux de disponibilité - qui tient aussi compte des espaces de bureaux pouvant être actuellement occupés, mais étant néanmoins disponibles pour la location ou la sous-location - était en hausse au centre-ville au quatrième trimestre 2015 et s'établissait à 15,5 %.

DEUX MILLIONS DE PLUS POUR LOGER 900 FONCTIONNAIRES

Il en coûtera 2 millions de plus par année pour loger les fonctionnaires au Carré Saint-Laurent, eux, qui sont éparpillés dans cinq endroits différents, dont au 360, rue McGill, immeuble appartenant au gouvernement provincial. Québec espère récupérer une partie du surcoût des loyers en rachetant au rabais le Carré Saint-Laurent après 25 ans, a expliqué jeudi Martin Roy, porte-parole de la Société québécoise des infrastructures (SQI).

Sous un gouvernement péquiste, Québec s'était entendu une première fois avec Angus en 2013 au sujet du Carré Saint-Laurent. Une fois élu, Philippe Couillard a annulé le projet en raison du coût élevé des loyers. Jeudi, M. Roy disait que le gouvernement était exposé à des poursuites puisqu'une entente était déjà conclue.

En signant une nouvelle entente avec Angus, le gouvernement fait aussi plaisir au fonds fiscalisé Fondaction CSN qui avait payé près de 20 millions pour assembler les terrains entre 2008 et 2010.

Fondaction CSN est propriétaire des terrains du Carré Saint-Laurent par l'entremise d'une société en commandite gérée par le promoteur, la Société de développement Angus.

Photo fournies par la Société de développement Angus

La première phase du projet Carré Saint-Laurent consistera à construire un immeuble de huit étages pour y loger 900 fonctionnaires de l’immigration qui occuperont 150 000 pi2. Le contrat de 25 ans d’une valeur dépassant les 100 millions de dollars a été accordé sans appel d’offres.