Après des années de tergiversations, Québec a donné son feu vert la semaine dernière au lancement du projet Carré Saint-Laurent, au coeur du « Red Light » de Montréal. La version remaniée du projet sera scindée en deux phases et devrait être mise en chantier dès le mois d'août prochain.

Selon nos informations, le conseil d'administration de la Société québécoise des infrastructures (SQI) a approuvé le 18 février les termes d'une nouvelle entente avec la Société de développement Angus (SDA), promoteur du projet. La première phase sera constituée d'un immeuble de bureaux de huit étages, où déménageront 900 fonctionnaires du ministère de l'Immigration.

« La nouvelle entente va être à compter du 1er janvier 2020, pour un bail de 25 ans, a confirmé à La Presse Affaires Martin Roy, porte-parole de la SQI. Le scénario prévoit l'occupation de l'espace quelques mois auparavant. »

Les fonctionnaires du ministère de l'Immigration sont présentement répartis entre cinq bureaux à Montréal. Ils occuperont 150 000 pieds carrés du nouvel immeuble. Une vaste foire alimentaire est aussi prévue au rez-de-chaussée du complexe, qui occupera tout le quadrilatère à l'angle de la rue Sainte-Catherine et du boulevard Saint-Laurent.

Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la SDA, a confirmé hier la conclusion récente de cette entente avec la SQI. Il dit aussi être en « discussions avancées » avec la Ville de Montréal en vue d'accueillir le Centre d'histoire de Montréal dans des locaux de 33 000 pieds carrés, au sein du nouveau bâtiment.

Le projet initial, présenté en décembre 2013, prévoyait la construction de 150 appartements en copropriété. Le volet résidentiel a toutefois été exclu de cette nouvelle mouture et fera plutôt partie d'une deuxième phase, a précisé M. Yaccarini. La valeur du projet a ainsi été ramenée de 160 millions à 110 millions de dollars.

Controverse

L'annonce du Carré Saint-Laurent a soulevé une vive controverse en 2013. À l'époque, le gouvernement péquiste de Pauline Marois prévoyait y transférer 700 fonctionnaires du ministère des Relations internationales, dont les bureaux sont situés au Centre de commerce mondial, non loin de là.

Selon l'entente conclue à l'époque, la SQI - qui gère le parc immobilier de l'État québécois - s'engageait à verser 137 millions à la SDA sur une période de 25 ans, ce qui représentait une hausse de loyers d'environ 45 %. 

Consterné par ces loyers jugés trop chers, le nouveau gouvernement libéral de Philippe Couillard a tenté d'annuler l'accord en juin 2014. Une manoeuvre risquée au plan juridique.

« On était exposé à des poursuites puisqu'une entente était déjà conclue. Là, le projet a été relancé avec des nouveaux paramètres, qui incluent une option d'achat », dit M. Roy.

Selon la nouvelle entente, les loyers resteront les mêmes pendant la durée du bail, mais le gouvernement pourra racheter ses bureaux à un taux préférentiel au bout de 25 ans.

« Cela devrait permettre de récupérer environ 50 % de la différence estimée entre le loyer qu'on va avoir payé et le loyer pour des immeubles comparables au centre-ville », a affirmé Martin Roy.

À l'heure actuelle, le ministère de l'Immigration paie 5,3 millions par année en loyers pour loger ses fonctionnaires. Ils sont répartis entre quatre bureaux loués et le 360, McGill, propriété du gouvernement. 

Même si les loyers annuels atteindront 7,3 millions au Carré Saint-Laurent, la SQI estime qu'il sera plus avantageux d'y déménager des fonctionnaires.

« Il y aurait beaucoup d'argent à investir pour remettre le 360, McGill, aux normes. Donc même si les employés étaient restés là, il y aurait eu une augmentation sensible des loyers. », dit M. Roy.

Logements abordables et hôtel

La nouvelle mouture du projet devrait avoir une architecture similaire à celle présentée en 2013, mais l'immeuble de bureaux comptera trois étages de moins que ce qui avait été prévu à l'époque. Les habitations seront pour leur part construites dans une deuxième phase.

Il est trop tôt pour donner des détails sur le volet résidentiel, mais Christian Yaccarini soutient que son groupe tentera de faire un projet « 100 % abordable ». Un hôtel pourrait aussi se greffer au complexe. 

La porte-parole du ministère de l'Immigration a référé nos demandes d'entrevues à la SQI. Idem au bureau du ministre Martin Coiteux, responsable de la région de Montréal.

La SDA espère lancer les travaux dès le retour des vacances de la construction, en août prochain.

Photo Martin Tremblay, Archives La Presse

Le projet sera voisin du Monument National.