Le couvent des Soeurs missionnaires de l'Immaculée-Conception, situé sur le flanc du mont Royal, pourrait bientôt faire place à un projet résidentiel de 35 millions de dollars. Plusieurs étapes restent encore à franchir, mais les religieuses insistent sur le fait que leur décision de vendre est «irréversible».

Les soeurs ont entrepris il y a un an de trouver un acquéreur pour le 314, chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Elles ont sélectionné trois finalistes, avant d'arrêter leur choix sur la firme Demonfort, dirigée par deux jeunes résidants d'Outremont. Leur projet prévoit un complexe intergénérationnel de 68 condos et maisons de ville, ainsi que la préservation de tous les espaces verts.

«Il était important pour notre communautéde confier l'avenir de notre résidence à des acquéreurs qui présenteraient un projet de remplacement sensible au site, à notre communauté et au voisinage, a expliqué soeur Lucie Gagné, présidente de la communauté, dans une lettre. En ces temps houleux dans le milieu de la construction, il était également important pour nous de faire affaire avec des gens en qui nous aurions confiance.»

La transaction s'est effectuée au terme de plusieurs rencontres entre Demonfort et les religieuses. Celles-ci insistent sur le fait que leur décision de se départir du couvent est «irréversible» après plus d'un siècle dans cette vaste propriété, en raison de la baisse du nombre de résidantes et des frais d'entretien importants.

Secteur sensible

Le couvent des Soeurs missionnaires est situé dans l'un des secteurs les plus huppés et paisibles d'Outremont. Un secteur où tous les nouveaux projets sont scrutés avec une extrême attention par les résidants.

À quelques coins de rue, un ancien pavillon voisin de l'Université de Montréal - le 1420, boulevard Mont-Royal - a fait l'objet d'une tentative ratée de conversion en condos, qui avait soulevé l'indignation de plusieurs citoyens. Un nouveau projet résidentiel a été lancé récemment, avec une opposition tout aussi vive d'un groupe de citoyens, qui a même intenté une poursuite infructueuse dans l'espoir de restaurer la vocation institutionnelle du bâtiment.

Les promoteurs de Demonfort sont bien conscients de l'aspect sensible de leur projet, qui est encore loin d'être chose faite. «La prochaine étape, c'est qu'on va aller rencontrer le voisinage personnellement pour leur expliquer ce qu'on va faire si le projet se concrétise, explique Ali Lakhdari, investisseur immobilier associé au groupe Demonfort. On veut leur présenter un projet qui va bien s'intégrer à la communauté.»

Selon les plans actuels, le bâtiment principal du couvent, bâti en 1939, sera conservé. Les annexes plus récentes seront quant à elles rasées pour faire place à un stationnement sous-terrain et à des maisons de ville et copropriétés. Tout le couvert végétal - qui représente 65% du terrain - sera conservé, de même que le ruisseau qui traverse la propriété, affirment les promoteurs.

Florent Moser, coprésident de Demonfort, sait que le projet risque de soulever des questions. «On ne sait pas comment le voisinage va réagir. On sait que les gens aiment souvent conserver les choses telles qu'elles sont. Mais pour les soeurs, qui sont ici depuis 100 ans, il n'y a plus de statu quo, elles ont décidé de vendre et de s'en aller», souligne-t-il, dans les grands jardins du couvent, où quelques religieuses se baladent pendant notre entrevue.

Entre autres conditions pour permettre au projet d'aller de l'avant, le zonage devra être modifié. Un jalon concret a été franchi le 8 septembre dernier, lorsque les élus de l'arrondissement d'Outremont ont autorisé la Direction de l'aménagement urbain et du patrimoine à poursuivre les démarches en vue d'une modification au Plan d'urbanisme de la Ville de Montréal.