Le promoteur Olivier Leclerc exhorte la poignée d'opposants de cesser leur guérilla juridique qui retarde inutilement la conversion de l'ex-couvent de religieuses, au 1420, Mont-Royal, à Outremont, en un immeuble de 200 copropriétés - un projet de 125 millions.

«Il y a un acharnement de la part de ce groupe qui entame la septième procédure sur de faux débats. Ils ont toujours perdu. Il faut que ça s'arrête. Il y a déjà eu entre 50 et 60 millions de pertes pour les contribuables dans ce projet», dénonce l'homme d'affaires de 27 ans qui veut convertir le couvent en unités luxueuses de copropriété.

Ce groupe, c'est le Rassemblement pour la sauvegarde du 1420, Mont-Royal, mené par des figures publiques tels le professeur de droit et ex-député Daniel Turp et l'architecte et professeur émérite Jean-Claude Marsan. Le Rassemblement réclame la restitution du zonage institutionnel pour l'ancienne maison-mère des Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Le couvent est zoné résidentiel depuis 2010.

«C'est étonnant, a rétorqué l'avocat du Rassemblement, Me Ricardo Hrtschan, quand on lui a fait part des propos du promoteur. C'est un premier recours sur cette base-là. Le Rassemblement est formé de gens qui veulent faire respecter le droit et protéger un patrimoine commun à tous les Québécois. C'est drôle que le promoteur parle d'acharnement, parce qu'il vient d'apparaître dans le dossier ce printemps.»

L'Université de Montréal (UdeM) avait racheté le couvent des Soeurs en 2003 pour prendre de l'expansion. C'était avant le projet d'ouvrir un second campus à la gare de triage Outremont. Après avoir estimé le coût des travaux pour mettre le bâtiment aux normes, l'établissement a préféré revendre l'immeuble en 2008. La transaction a avorté en 2012 quand le repreneur, Groupe F. Catania, a été le sujet d'allégations devant la commission Charbonneau. En mai dernier, l'Université acceptait l'offre d'achat d'Olivier Leclerc.

Pour arriver à des pertes de plus de 50 millions, M. Leclerc tient compte du coût d'acquisition du couvent par l'UdeM, soit 16 millions. Il y ajoute le coût des travaux de 20 à 30 millions entrepris sur l'immeuble par l'Université. Il y a aussi les frais d'entretien annuels de 1,5 million depuis 12 ans. À cette facture de 54 millions, le promoteur ajoute la perte de revenus de taxation en l'absence de projet, à raison de 3 millions par an depuis 5 ans.

Ce n'est pas tout. «Ce sont des procédures par-dessus procédures. L'Université paie ça. La Ville est impliquée là-dedans. Ce sont des centaines de milliers de dollars de frais d'avocats», dit M. Leclerc, un adepte du culturisme.

Et pendant tout ce temps, le projet de condos ne peut aller de l'avant, déplore M. Leclerc. Pourtant, son projet, soutient-il, a reçu l'appui de l'arrondissement d'Outremont, des Amis de la Montagne et d'Héritage Montréal.

Outre le Rassemblement, le camp des opposants compte aussi sur les élus du parti Projet Montréal. La Commission permanente sur la culture et le patrimoine a déposé un rapport en juin dernier, en faveur d'un retour à la vocation institutionnelle du bâtiment.

Donner un second souffle

«On donne un second souffle à un immeuble vide à plus de 95% depuis 12 ans», dit Olivier Leclerc. Il veut aménager dans l'ancien couvent entre 150 et 200 unités d'une superficie moyenne de 1600 pieds carrés à un prix d'environ 880 000$, soit 550$ du pied carré. Actuellement, seulement 10 000 des 400 000 pieds carrés du couvent sont occupés.

Il se dit prêt à lancer le projet de 125 millions dès que les poursuites cessent. Il s'attend à écouler ses unités en deux ans seulement, même si le marché du condo tourne au ralenti à Montréal. «Il n'y a pas de projets de condos à Outremont sauf au Sanctuaire du Mont-Royal, qui date, et le Couvent Outremont. C'est tout», dit-il pour expliquer son optimisme.

Les éléments patrimoniaux, comme la façade, l'escalier du hall d'entrée principal et la chapelle, seront préservés, assure-t-il. Un organisme à but non lucratif gérera la chapelle et assurera un accès au public. L'accès public au sentier de la montagne qui passe sur la propriété sera aussi maintenu. Les stationnements dans les deux cours intérieures et à l'arrière seront gazonnés et remplacés par un stationnement souterrain de 385 emplacements.

La requête du Rassemblement qui demande l'annulation du règlement de zonage et du permis sera entendue sur le fond par le tribunal à compter du 22 septembre.