La fermeture de Target au Canada constitue tout un revers pour Cominar (T.CUF.UN), qui avait injecté 100 millions dans ses centres commerciaux en prévision de l'arrivée de la chaîne. Le président du groupe immobilier estime malgré tout qu'il s'agissait là d'un «bon investissement».

«Dans les magasins Target, on n'a rien investi, c'est eux qui ont investi, a dit hier Michel Dallaire, président et chef de la direction de l'entreprise de Québec. Ce sont de vieux baux de Zellers qu'eux [Target] ont repris avant d'investir. On en a profité pour rénover nos mails, nos foires alimentaires, etc., donc c'est un bon investissement qu'on a fait, quand même.»

Cominar héberge sept magasins Target dans ses centres commerciaux. Une présence importante, mais qui représente seulement 0,6% des revenus totaux du groupe, a précisé hier Michel Dallaire, de passage à Montréal à l'invitation du Cercle canadien. Il estime que les 100 millions dépensés pour moderniser le Centre Laval, la Place Longueuil et la Place Alexis Nihon ne seront pas perdus.

Cominar est devenu ces dernières années le premier fonds de placement immobilier (FPI) au Québec et le troisième en importance au Canada. La société possède des actifs de 8,2 milliards, répartis entre 563 immeubles de bureaux, entrepôts industriels et espaces commerciaux.

Michel Dallaire a répété plusieurs fois sa devise hier pendant son discours: «Espérer pour le meilleur, et toujours planifier pour le pire.» Il reconnaît toutefois ne pas s'être préparé au fiasco de Target, qui a fermé d'un seul coup ses 133 magasins canadiens 18 mois après leur ouverture.

«Personne ne l'avait vu venir, a-t-il dit en marge de l'événement. Ce serait faux de dire qu'on avait un plan de match déjà établi quand tu ne sais même pas qu'ils vont se mettre en faillite ou fermer. Par contre, ces gens-là travaillent très fort pour récupérer leurs billes, maximiser la valeur des baux.»

Si Target parvient à céder ses baux pendant le processus de liquidation, Cominar devra ensuite donner - ou pas - son feu vert en fonction du locataire potentiel. La société de Québec a reçu des garanties de la société mère américaine de Target pour trois baux, a souligné M. Dallaire. Les loyers actuels sont très bas, soit moins de 10$ le pied carré brut.

Malgré cet imprévu de taille pour son entreprise, le président de Cominar estime que la décision de Target a nécessité une bonne dose de courage. «Ils sont rentrés au Canada d'une façon importante, partout en même temps, en essayant d'imposer leur modèle d'affaires. Ça n'a pas fonctionné. Ça prenait du courage et de l'audace de la part du CEO pour dire: "Je mets la clé dans la porte et je sors de là." »

Michel Dallaire insiste sur les vertus de la diversification, qui a permis à Cominar de traverser plusieurs cycles financiers au fil des décennies. Aucun locataire ne représente plus de 2% des revenus du groupe, a-t-il indiqué, et le chiffre d'affaires provient aujourd'hui à 25% du Canada anglais, contre à peine 2% en 2011.

Cominar continue de lorgner l'Ontario et l'Ouest canadien, mais pas les États-Unis. Une série de transactions majeures - dont l'achat de 15 immeubles d'Ivanhoé Cambridge l'été dernier pour 1,6 milliard - ont consolidé la position de leader de l'entreprise dans le marché canadien.

Le titre du FPI Cominar a clôturé à 19,50$ hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 0,3%.