Le projet de construction de l'îlot Voyageur finira par voir le jour malgré un autre report d'un an, mais il sera beaucoup moins ambitieux, en raison de la stagnation du marché immobilier dans la métropole. Et il faudra être patient.

Au lieu de construire 626 logements locatifs, il est question de réduire ce nombre presque de moitié, avec quelque 375 logements, a affirmé à La Presse le propriétaire d'une partie du lot, le Groupe Aquilini, qui en a fait l'achat au coût de 45,5 millions, en 2013.

«On s'est rendu compte dans les derniers mois que le marché de l'immobilier résidentiel avait stagné, explique Jocelyn Lafond, vice-président aux opérations chez Aquilini. Il y a un problème de recrutement au niveau de la main-d'oeuvre dans la construction. Les gros projets, comme celui du CHUM [Centre hospitalier de l'Université de Montréal], ont amené certains problèmes. On a besoin des mêmes plombiers, des mêmes électriciens. Or, les carnets de commandes de ces corps de métier sont pleins. Il y a actuellement une sorte de surenchère dans le marché, on peut appeler ça ainsi.»

En sondant les installateurs de systèmes intérieurs (murs, gypse) qui, selon M. Lafond, servent de baromètre dans l'industrie, il estime que le marché se stabilisera d'ici le printemps, et que les travaux pourront commencer vers le 15 avril 2015.

«Si tout va bien, on prévoit livrer en juin 2016, donc avec un an de retard sur notre ancien échéancier. On va cependant se limiter à la portion donnant sur la rue Berri, et attendre pour le projet donnant sur la rue Ontario», dit M. Lafond.

Quant à la portion sud, où doit être construit un nouvel édifice pour Revenu Québec, les plans n'ont pas encore été déposés. La Société québécoise des infrastructures (SQI), qui gère le terrain, a répété le même message que l'été dernier.

«La SQI est dans la préparation du dossier d'affaires pour le projet. Celui-ci sera ensuite soumis, au cours des prochains mois, au gouvernement pour approbation», a fait savoir par courriel Martin Roy, porte-parole de la SQI.

Selon M. Lafond, qui est en lien étroit avec la Société, le gouvernement avait omis dans les plans la construction du tunnel inachevé devant relier la gare à la station de métro Berri-UQAM. Le coût estimé à l'époque était d'environ 8 millions. À l'heure actuelle, les visiteurs de la gare se heurtent à un escalier mécanique qui mène à un mur.

«Semble-t-il qu'on pensait, au gouvernement, que le tunnel avait été construit par l'UQAM, affirme-t-il. Ça change leurs plans.»

Retour sur le fiasco

L'îlot Voyageur a été racheté in extremis au coût de 25,5 millions par le gouvernement, en 2010, évitant ainsi des démêlés judiciaires à l'UQAM. L'université avait engouffré pas moins de 200 millions dans un projet de cité universitaire qui devait se concrétiser en partenariat public-privé avec la firme Busac. Depuis 2005, le quadrilatère situé entre le boulevard De Maisonneuve et les rues Berri, Ontario et Saint-Hubert est pratiquement déserté, abstraction faite des activités qui ont repris à la gare d'autocars. Il y aura donc bientôt 10 ans que le projet passe de main en main, mais qu'il reste dans les cartons.