Contrairement au reste du pays, le risque de surévaluation des marchés immobiliers est «particulièrement manifeste» à Montréal ainsi qu'à Québec, mais la situation s'améliore, estime la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Dans son cadre d'analyse et d'évaluation des prix des logements (AEPL), dont les résultats ont été dévoilés lundi, l'organisme estime qu'un «risque modéré» guette ces deux villes, notamment parce que la croissance du nombre de propriétaires a diminué depuis 2012.

La SCHL signale que dans la métropole, le nombre de logements en construction par rapport au nombre d'habitants s'approche d'un «sommet historique», ce qui demande une meilleure gestion de la situation actuelle.

L'offre de propriétés neuves est également élevée par rapport au nombre d'habitants dans la Vieille-Capitale, mais l'organisme estime qu'elle demeure tout de même dans les «normales historiques».

«À Montréal et à Québec, le risque de surévaluation reflète un ralentissement de la croissance du groupe des personnes âgées de 25 à 35 ans observé depuis 2012», fait valoir la Société.

Selon l'organisme, cette situation est également attribuable à la progression du revenu disponible, qui ne suit pas celle du prix des logements observée depuis le début des années 2000 à ces deux endroits.

L'économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan, profite également de cette analyste pour effectuer une mise en garde de construction excessive pour Montréal et Toronto.

«Si ces logements sont achevés, mais non vendus, il pourrait en résulter une situation de construction excessive, souligne-t-il. Les constructeurs devront diriger la nouvelle demande en proportion appropriée vers les logements actuellement en construction, mais non vendus.»

Un risque modéré de surévaluation est également observé à Toronto, Calgary ainsi qu'à Halifax, mais aucune surchauffe ni accélération n'est constatée, souligne la SCHL.

Les résultats de son analyse comprennent ceux du marché canadien et de huit régions métropolitaines de recensement, soit Montréal, Québec, Vancouver, Calgary, Edmonton, Toronto, Ottawa et Halifax.

À l'échelle nationale, la SCHL note une «surévaluation modeste», même si la plupart des marchés demeurent en phase avec des facteurs comme l'emploi ainsi que les taux d'intérêt.

De janvier à septembre, les prix dans les transactions réalisées par l'entremise du Service inter-agences (mieux connu sous son acronyme anglais MLS) ont fléchi de 1% à Québec, mais ont progressé à Montréal (1,9%), Vancouver (6,3%) et Toronto (6,9%).

Dans une note de recherche publiée la semaine dernière, la SCHL avait suggéré, en tenant compte d'indicateurs comme l'inflation et le taux de change, que les prix des propriétés au Canada allaient demeurer plus élevés par rapport aux États-Unis.

L'organisme estimait que cela pouvait indiquer que les prix pouvaient être surévalués au Canada.

Les préoccupations à l'endroit du marché immobilier canadien figurent en tête de liste de plusieurs économistes et décideurs, qui souhaitent éviter un crash comme celui survenu au sud de la frontière lors de la plus récente crise financière.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, ainsi que le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, ont toutefois tenté d'apaiser ces craintes au cours des derniers mois.