Airbnb poursuit son opération charme auprès des autorités québécoises. Dans une étude qui sera publiée aujourd'hui, le site de location de propriétés affirme générer des retombées économiques de 54,6 millions de dollars par année à Montréal, en plus de participer à la création de 821 emplois.

«Montréal constitue le plus important marché au Canada pour Airbnb et l'un des 10 plus importants dans le monde, et le moment était parfait pour publier cette étude, alors que nous avons des discussions avec les autorités à tous les niveaux», a fait valoir Aaron Zifkin, directeur d'Airbnb au Canada, en entrevue à La Presse Affaires.

Airbnb permet à des particuliers de louer leur propriété à des touristes de façon occasionnelle. Plus de 2900 Montréalais utilisent déjà le service, qui connaît une croissance dans les trois chiffres depuis son lancement il y a cinq ans.

Cette explosion de popularité n'est pas passée inaperçue chez les hôteliers et les gouvernements. Les Montréalais qui utilisent Airbnb ne paient pour la plupart pas d'impôt sur leurs revenus locatifs, et aucune taxe hôtelière n'est prélevée.

Le ministère du Tourisme a eu des échanges avec des représentants d'Airbnb dans le cadre des travaux d'un Comité consultatif sur l'hébergement illégal. Ce comité doit remettre son rapport «sous peu», a indiqué le porte-parole, Guy Simard, et «le Ministère n'émettra aucun autre commentaire à ce sujet d'ici là».

L'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM), qui participe aux travaux de ce comité, ne s'oppose pas à l'arrivée des sites comme Airbnb. Le phénomène est «irréversible, comme l'arrivée de Facebook», avance même sa présidente, Ève Paré.

«Mais on souhaite qu'on clarifie les choses et qu'on rétablisse une forme d'équité entre tous les acteurs, dit Mme Paré. Il y a 70 lois et règlements qui s'appliquent à un hôtel: il faut rétablir l'équité.»

Ouverture d'Airbnb

Airbnb ne s'en cache pas: la publication de son rapport constitue en partie un exercice de relations publiques. «On trouve toujours que ces études de retombées économiques fournissent une bonne base à une discussion sérieuse», a dit Aaron Zifkin.

Il insiste néanmoins sur les bénéfices réels d'Airbnb pour l'économie montréalaise. Par exemple, il souligne que 12,2 millions sont allés directement dans les poches des hôtes pendant la dernière année, sans compter toutes les dépenses générées dans les commerces locaux.

M. Zifkin soutient que le gouvernement du Québec s'est montré très «ouvert et progressif» à ce jour dans ses discussions avec Airbnb. Il ajoute que l'entreprise s'est entendue pour percevoir - et redistribuer - une taxe hôtelière dans certaines villes, dont San Francisco et Portland. Rien n'est exclu en ce qui concerne Montréal.

L'étude d'Airbnb se fonde sur des enquêtes menées par courriel auprès de 188hôtes montréalais et 158 voyageurs, entre avril 2013 et mars 2014. Les résultats comportent une marge d'erreur de 7 à 8%, dans un intervalle de confiance de 95%.

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QUELQUES CHIFFRES

73 800

Nombre de visiteurs qui ont visité Montréal grâce à Airbnb dans la dernière année

2900

Nombre d'hôtes Airbnb à Montréal

4 nuits par mois

Fréquence de location moyenne des «hôtes» montréalais

95%

Proportion des hôtes qui détiennent un diplôme de niveau collégial ou supérieur

Source: Airbnb