Après une embellie en 2014, le ciel s'obscurcit en 2015 dans le domaine de la construction résidentielle. L'association qui représente les constructeurs de maisons prévoit une diminution de 3% des mises en chantier dans la province l'an prochain, ce qui ferait de 2015 l'année la plus décevante à ce chapitre depuis le début des années 2000.

L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) prévoit 37 000 mises en chantier au Québec en 2015. Pour 2014, la prévision s'élève à 38 000, en hausse de 1% par rapport à 2013, une année difficile pendant laquelle les mises en chantier avaient reculé de 20%.

«Pour 2015, on a de la misère à voir des signes positifs qui nous rendent optimistes à l'égard des mises en chantier au Québec. On est inquiet», dit Georges Lambert, économiste à l'APCHQ, dans un entretien.

Problème d'accès

Plusieurs facteurs contribuent à ce pessimisme, notamment le défi que représente l'accession à la propriété. Le resserrement des règles dans le financement des prêts hypothécaires - comme la réduction de la période d'amortissement maximale du prêt de 30 à 25 ans - a restreint l'accès à la propriété de 38 700 ménages, estime l'APCHQ.

La démographie a aussi un gros mot à dire dans le bilan, puisque le taux annuel de création des ménages devrait à peine dépasser 1% en 2014 et en 2015, pour ensuite glisser sous les 1% à partir de 2018.

Autre élément qui rend M. Lambert songeur, c'est le rythme de vente des unités en construction qui a ralenti. Conséquence: la durée des stocks d'unités invendues est passée de 6,9 mois à 13,6 mois entre juillet 2013 et juillet 2014 dans le marché des logements collectifs, comme la copropriété, à Montréal. C'est plus long qu'à Toronto (9,1 mois) et à Vancouver (7,7 mois). Dans l'ensemble des régions métropolitaines de recensement (RMR), le délai est passé de 7 mois à 10,5 mois, toujours dans le segment des logements collectifs.

«L'an passé à pareille date, les inventaires étaient sous contrôle et leur durée en mois diminuait, souligne M. Lambert. Mais cette année, leur durée a augmenté par rapport à l'année dernière. C'est un signal d'alarme.»

En fait, l'un des rares facteurs favorisant la construction neuve, cette année et l'an prochain, demeure les bas taux d'intérêt. Mais leur temps est compté.

Le locatif en hausse

C'est le marché locatif qui profitera de la situation. Le nombre de mises en chantier dans le segment de marché augmentera de 4% en 2014 et de 4% encore en 2015. Ce segment accaparera 24% de l'ensemble des nouvelles unités construites en 2015, comparativement à 21% en 2013.

Autre fait à souligner, il se construira plus de copropriétés que de maisons individuelles dans l'ensemble de la province pour la première fois en 2014. Selon les prévisions de l'APCHQ, la part de marché du condo se fixera à 35%, tandis que la maison individuelle glissera à 31%. Les proportions étaient inversées en 2013.

La construction neuve au Québec

[Unités | Variation annuelle]

2013 : 37 758 | -20%

2014 : 38 000 | 1%*

2015 : 37 000 | -2,6%*

* prévision

La rénovation cartonne

Si les nouvelles sont mauvaises du côté de la construction, il faut regarder du côté de la rénovation résidentielle pour trouver des bonnes nouvelles pour les membres de l'APCHQ.

Les Québécois rénoveront en grand en 2015, en raison des crédits d'impôt proposés par le gouvernement provincial. L'APCHQ prévoit une croissance de 10% des dépenses en rénovation autant en 2014 qu'en 2015. La moitié de cette hausse sera attribuable aux crédits ÉcoRénov et LogiRénov, avance l'Association.

La valeur économique des activités de rénovation a dépassé 11,5 milliards de dollars en 2013. C'est 60% de l'ensemble du secteur de l'habitation.