Les estimations moyennes d'augmentation des loyers dévoilées vendredi par la Régie du logement varient entre 0,6 % et 1,1 % en 2014.

Ces scénarios prévoient des augmentations moyennes de 1,1 % pour un logement chauffé à l'électricité ou au gaz, de 0,6 % pour un logement chauffé au mazout et de 0,8 % pour un logement non chauffé.

«(Le) point important qu'il faut rappeler chaque année, (c'est que) ces estimations ne tiennent pas compte de deux dépenses importantes dans un immeuble, soit les taxes foncières et les dépenses majeures de rénovation, parce qu'elles peuvent varier considérablement d'un immeuble à l'autre et d'une municipalité à l'autre», rappelle le porte-parole de la Régie du logement, Denis Miron.

Les différentes associations de propriétaires n'ont pas tardé à critiquer ces taux hypothétiques d'augmentation des loyers, tandis que les défenseurs des droits des locataires ont encouragé ceux-ci à refuser des hausses de loyers jugées abusives.

L'Association des propriétaires du Québec, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec et l'Association des propriétaires d'appartements du Grand Montréal souhaiteraient toutes que des changements soient apportés à la Régie et à sa méthode de fixation des loyers.

Le président de l'Association des propriétaires du Québec, Martin Messier, croit que la Régie place les propriétaires «dans une situation impossible» en leur demandant de maintenir les logements en bon état tout en suggérant des taux d'augmentation de loyer qu'il qualifie de «ridicules».

«On nous parle de 0,8 % pour des immeubles non chauffés, 1,1 % pour des immeubles chauffés à l'électricité, et on demande aux propriétaires de maintenir leurs immeubles en bon état (et de) les mettre à jour avec les nouvelles normes de sécurité qui ne cessent de nous arriver», lance-t-il.

«Encore aujourd'hui, au Québec, on a les loyers les plus bas en Amérique du Nord. (...) On aurait tendance à être fier de ça, mais il faut réaliser qu'il y a deux côtés à cette médaille-là. Le mauvais côté, c'est la qualité de nos immeubles, la qualité d'entretien de notre parc immobilier», ajoute-t-il, estimant qu'une augmentation suggérée de 2,5 à 3,5 % serait plus raisonnable pour un immeuble où les dépenses sont constantes, où aucune rénovation majeure n'a été nécessaire et dont les taxes sont demeurées stables.

De l'autre côté, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) juge que «les loyers sont déjà trop chers» et rappelle que «les locataires ont tout à fait le droit de refuser la hausse demandée par leur propriétaire». Même son de cloche du côté du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, qui «invite les locataires à examiner attentivement toute hausse de loyer supérieure aux indices publiés» par la Régie.

«Les taux qui sont suggérés - et qui ne sont que des suggestions - par la Régie du logement sont des taux qu'on pourrait trouver raisonnables», admet le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant.

«J'ai deux problèmes à trouver ça comme raisonnable, ajoute-t-il. Le premier, c'est le fait que les loyers sont déjà trop chers; (ils) ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus dans les années 2000. Le deuxième problème, c'est qu'on sait, dans la réalité, que les taux de la Régie du logement (...) qui sont indiqués aujourd'hui sont des taux qui ne peuvent s'appliquer que s'ils se trouvent devant la Régie du logement», déplore-t-il, insistant sur le droit qu'ont les locataires de refuser une hausse de loyer.

«Malgré les avis d'augmentation de loyer émis par certains propriétaires, les locataires ont tout à fait le droit de refuser la hausse demandée par leur propriétaire, tout en conservant leur logement actuel», a rappelé le FRAPRU.

Un outil de calcul permettant d'établir un loyer en tenant compte de plusieurs facteurs, dont les taxes, les assurances et les travaux majeurs, est disponible sur le site de la Régie du logement.