Le plus gros problème dans le domaine du logement n'est pas l'accès difficile à la propriété mais la mauvaise qualité des nouvelles maisons, selon des associations de consommateurs, qui demandent de meilleures règles pour encadrer la construction résidentielle.

«Les acheteurs québécois sont confrontés à une multiplication des vices majeurs de construction, comme des problèmes de structure, de qualité des matériaux, de non-respect du Code du bâtiment ou de fissuration des fondations», écrivent, dans un communiqué diffusé hier, l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC), le Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ) et la Coalition Proprio-Béton (CPB).

Les trois groupes en profitent pour dire que, selon eux, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) fait fausse route avec sa campagne Mission Générations, qui demande au gouvernement de prendre des mesures pour aider les jeunes qui ne peuvent acheter de propriété en raison des coûts trop élevés. Les problèmes de vice de construction sont beaucoup plus graves que la question de l'accession à la propriété, selon eux.

Inspections insuffisantes

Cette sortie survient au lendemain de la publication, dans La Presse Affaires, d'un reportage sur les lacunes des plans de garantie des maisons neuves, administrés actuellement par les associations d'entrepreneurs. Les représentants des consommateurs veulent que Québec exige de meilleures inspections des chantiers résidentiels, à l'occasion de la réforme en cours des plans de garantie. Actuellement, les inspections sont sous la responsabilité des plans de garantie.

«La Régie du bâtiment n'exige pas assez d'inspections. C'est pourquoi la qualité de la construction au Québec est clairement en baisse, souligne Jean Dion, président de l'ACQC. Ça donne quoi d'avoir une maison si elle n'est plus bonne dans quelques années? Les consommateurs seraient prêts à payer un peu plus cher pour éviter les problèmes.»

M. Dion souligne qu'en Ontario, les municipalités sont responsables des inspections, qui sont beaucoup plus fréquentes. «Par exemple, à Ottawa, il y a 12 visites d'inspecteurs à différentes étapes sur un chantier», dit-il.

Selon lui, la meilleure surveillance explique que le taux de réclamations auprès du plan ontarien de garantie des maisons neuves n'est que de 2,4% comparativement à 7,4% pour les trois programmes québécois.

Ici, les gestionnaires des plans de garantie (Qualité-Habitation, Abritat et Garantie des maisons neuves) expliquent qu'ils font des inspections «aléatoires» des chantiers résidentiels. Les entrepreneurs débutants et ceux qui ont déjà fait l'objet de plaintes sont cependant surveillés de plus près.

Selon Jean-Paul Filion, directeur des communications de l'APCHQ, il n'y a pas de grave problème de qualité des maisons au Québec. «Oui, il arrive qu'il y ait des dérapages et que des entrepreneurs soient fautifs, mais il y a très peu d'histoires d'horreur, dit-il. Ces associations de consommateurs prennent quelques cas problématiques et les montent en épingle.»

Il déplore aussi le fait que ces groupes minimisent le problème de l'accession à la propriété des jeunes ménages. «Le Québec est la pire province pour l'accession à la propriété, et ce sont les jeunes générations qui sont les plus pénalisées», souligne-t-il.

Par sa campagne, l'APCHQ demande au gouvernement de considérer des programmes d'aide pour l'achat d'une maison et de se doter d'une politique nationale de l'habitation.