Le marché de l'immobilier, surveillé de très près au Canada, envoie ces jours-ci une foule de signaux contradictoires, tant et si bien que même les experts ne s'y retrouvent plus.

La publication de nouvelles données conjuguée à une manoeuvre d'Ottawa pour tenter de calmer le jeu, la semaine dernière, apparaît comme un signal d'avertissement pour l'un des plus importants secteurs économiques du Canada.

Si certains chiffres, dont le prix des maisons, semblent tendre vers «l'atterrissage en douceur» espéré par les propriétaires, économistes, banquiers et politiciens, d'autres, tel le nombre de permis de construire, indiquent plutôt que l'éclatement de la bulle est imminent.

La semaine dernière, Statistique Canada a fait savoir que le pourcentage des permis de construction accordés dans le secteur résidentiel avait reculé de 12,9 % en juin, tandis que celui des habitations à unités multiples - pour la plupart des condominiums -, avait chuté de 18,8 %.

Plus inquiétant encore, les investissements dans les terrains résidentiels de certains des plus importants marchés, dont Toronto, Vancouver et Calgary, ont respectivement plongé de 51, 52 et 30 %.

Or, l'Association canadienne de l'immeuble (ACI) devrait publier un rapport jeudi démontrant que les ventes de maison se portent très bien et ont augmenté de façon importante en juillet, au même titre que les prix moyens des propriétés.

S'appuyant sur des données déjà publiées sur les gros centres urbains tels Toronto, Vancouver, Calgary et Edmonton, l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, prédit même que ce rapport indiquera une hausse de 10 % dans les ventes de maison par rapport à l'an dernier, et ce même si un recul a été remarqué à Montréal et Ottawa.

Il reste que la décision du gouvernement fédéral de limiter l'émission de titres adossés à des créances hypothécaires, annoncée la semaine dernière, laisse croire que le gouvernement ne considère pas ces données sont de bon augure.

Le secteur n'a par ailleurs pas connu de répit ces dernières années, alors que le prix moyen d'une maison est passé de quelque 256 000 $, en janvier 2006, à près de 389 000 $ en juin 2013, et ce en dépit d'une très faible inflation et de la récession de 2008. L'endettement des ménages ayant contracté des hypothèques a atteint des taux inégalés de plus de 160 % du revenu disponible.

De telles montagnes russes doivent arriver à leur terme et la seule issue possible sera l'éclatement de la bulle ou l'atterrissage contrôlé, selon Benjamin Tal, spécialiste de l'immobilier et économiste en chef adjoint de la Banque CIBC.

La menace bien réelle d'une possible crise a incité la Banque du Canada à inscrire l'immobilier au sommet de sa liste des risques intérieurs pour l'économie canadienne.

Si l'immobilier ne représente que sept pour cent de l'économie nationale, son effondrement entraînerait un effet domino. Des emplois dans le secteur de la construction seraient ainsi abolis, la valeur des propriétés diminuerait et la confiance des consommateurs chuterait, entre autres.