Un affrontement musclé se dessine entre propriétaires et locataires au cours des prochaines semaines, avec des accusations de «cabale» et de «hausses abusives» déjà prononcées de part de d'autres de la ligne de front.

L'Association des propriétaires du Québec (APQ) a fait une déclaration publique, vendredi, pour suggérer à ses membres d'augmenter les loyers de 2,5% à 3% l'an prochain. L'organisme leur recommande de préparer leurs avis de hausse dès maintenant, afin de pouvoir les expédier «tout de suite après la dinde du Jour de l'an».

«On va entreprendre une campagne dès la semaine prochaine pour dire aux propriétaires: préparez vos avis maintenant, et postez-les le 2 janvier», a fait valoir Martin Messier, président de l'APQ, en entrevue à La Presse Affaires.

L'organisme dit agir ainsi en réponse aux actions récentes des groupes de locataires. «Ils ont déjà commencé leur cabale il y a deux semaines avec des manifestations devant nos bureaux, a lancé M. Messier. Ils commencent une campagne auprès des locataires qui les incite pratiquement à partir en guerre.»

Selon l'APQ, les groupes de locataires suggèrent un refus systématique de toutes les demandes de hausse, même lorsqu'elles sont justifiées. Or, les coûts de détention des immeubles locatifs - impôt foncier, assurances, rénovations - grimpent, ce qui oblige les propriétaires à faire payer une partie de la facture par les locataires, plaide Martin Messier.

Rencontre avec le ministre

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) se défend d'être en guerre ouverte contre les propriétaires. Mais selon une étude réalisée par l'organisme, 9 hausses de loyers sur 10 sont «abusives», ce qui justifie amplement la campagne de sensibilisation actuelle.

«On connaît cette tactique-là des propriétaires, de demander des hausses plus élevées que celles proposées par la Régie du logement, a lancé France Émond, porte-parole du RCLALQ. Ce qu'on demande aux locataires, c'est ne pas se laisser intimider par ces messages-là.»

L'organisme entend tenir des séances d'éducation populaire aux quatre coins du Québec au cours des prochaines semaines, en plus de distribuer 50 000 tracts. Une rencontre est aussi prévue le 14 décembre avec le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault.

Le RCLALQ espère convaincre le ministre d'encadrer de façon formelle la fixation des loyers, en lieu et place de «l'indice» actuellement publié tous les ans par la Régie du logement. Le groupe souhaite aussi la mise en place d'un registre national des baux, qui permettrait d'éviter les hausses abusives. Les augmentations demandées atteignent en moyenne 3,8%, affirme cet organisme.

Le RCLALQ estime par ailleurs qu'il est trop tôt pour proposer une quelconque hausse des loyers, puisque l'indice annuel publié par la Régie sortira uniquement à la fin de janvier. Cet outil donne une estimation des augmentations que peuvent exercer les propriétaires.

Impôt foncier

Dans sa sortie publique, vendredi, l'APQ a souligné que les fortes hausses d'impôt foncier imposées aux propriétaires d'immeubles locatifs se transposent nécessairement dans les loyers.

La répartition sur plusieurs années est impossible, ce qui accroît le choc financier pour les locataires, souligne l'APQ. Or, «il faut se souvenir que les taxes ne vont pas dans la poche des propriétaires, mais dans celle de la Ville. Le propriétaire doit agir comme percepteur, et c'est un rôle que nous voudrions bien éviter».

Le loyer moyen des appartements de deux chambres était de 677$ au printemps au Québec, en hausse de 1,4% sur un an, selon la plus récente étude de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) sur le sujet. Il s'agit du prix le plus bas de toutes les provinces canadiennes. Le loyer moyen atteint 887$ à l'échelle nationale.

Prix des loyers

> 2,5% à 3% - Hausse de loyer

suggérée par l'APQ

> 677$ - Loyer moyen des

appartements de deux

chambres au Québec*

> +1,4% - Hausse sur un an

* Selon l'étude la plus récente de la SCHL, en date d'avril 2012.

Sources: APQ, SCHL