En dépit des transactions controversées du passé, les universités montréalaises ont toujours de l'appétit en matière immobilière. Elles ont acquis récemment deux propriétés et ont vendu une troisième en octobre. L'Université de Montréal (UdeM) a payé près de 7 millions de dollars pour un vaste bâtiment vétuste contenant de l'amiante, qu'elle songe à démolir. Le terrain ainsi libéré deviendrait la porte d'entrée nord de son futur campus Outremont.

Ce sursaut d'activités immobilières survient au moment où certaines d'entre elles sont dans le collimateur des enquêteurs. La commission Charbonneau enquête sur le projet avorté de l'UQAM à l'îlot Voyageur, tandis que l'Unité permanente anticorruption (UPAC) s'intéresse aux tractations entre l'UdeM et la firme Catania au sujet de la vente du couvent des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Des témoins à la commission Charbonneau ont exposé les liens qui existent entre Catania et la mafia.

L'Université de Montréal a payé 6 650 000$ pour un bâtiment industriel à la fin du mois dernier. Le vendeur, la famille Albert Douek, a fait une bonne affaire puisque l'immeuble est évalué à 2 669 100$ selon la Ville de Montréal. Le bâtiment appartenant jusqu'alors à la société Manufacture Kute Knit est adjacent à l'ancienne gare de triage du Canadien Pacifique, à Mont-Royal, emplacement du futur campus. Le but de la transaction serait de raser l'immeuble et de se servir du terrain comme porte d'entrée de l'avenue Beaumont du futur campus Outremont, selon ce qu'a dit le porte-parole de l'institution, Mathieu Filion. Celui-ci devait valider des informations avant de donner plus de détails.

L'Université prendra possession du 1000, avenue Beaumont au plus tard le 30 avril 2013, selon l'acte de vente que La Presse Affaires a consulté. L'immeuble contient de l'amiante et une partie du terrain est contaminée.

Pour sa part, l'Université Concordia est devenue propriétaire des deux derniers étages de la copropriété du Faubourg Sainte-Catherine, au 1616, rue Sainte-Catherine Ouest, où elle loue déjà des locaux au sous-sol. Elle a payé 4,5 millions pour une superficie de 4600 m2 le 15 octobre. L'Université a besoin de locaux additionnels en raison de l'agrandissement de la bibliothèque au pavillon J.W. McConnell. Avant d'emménager, l'Université doit toutefois honorer les baux en vigueur, dont le dernier arrive à échéance au plus tard le 31 mai 2014. L'acte de vente nomme Rio Tinto Alcan parmi les locataires. L'institution universitaire est déjà propriétaire du voisin du Faubourg, l'immeuble de la Tour du Faubourg, depuis 1997.

«C'est mieux d'investir et d'acheter quelque chose que de payer une location, dit Christine Mota, porte-parole de l'institution. Ce n'est pas juste notre philosophie, le gouvernement aussi souhaite que les universités soient les propriétaires de leurs locaux. Ça fait des années que nous n'arrêtons pas de construire de nouveaux pavillons», fait-elle valoir.

L'Université Concordia a subi sa part de critiques concernant sa gestion de fonds ces derniers temps. L'ancienne ministre de l'Éducation Line Beauchamp voulait pénaliser l'institution en raison des indemnités de départ généreuses qu'elle versait à ses principaux dirigeants qui écourtaient leur mandat. Plus récemment, le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, s'est interrogé sur le salaire consenti au nouveau recteur Alan Shepard.

Université de Sherbrooke

L'Université de Sherbrooke a vendu l'Atrium à la Ville de Longueuil pour 12 millions. Lien piétonnier entre le métro et le campus, l'Atrium a été construit simultanément au pavillon par l'Université de Sherbrooke à la demande de Longueuil.

«C'était plus simple pour la Ville de demander à l'Université de Sherbrooke, pendant qu'elle fait sa construction, d'ajouter un morceau de 12 millions. Comme on s'était entendus sur le prix dès le départ, il n'y avait pas de surprise», a expliqué au téléphone Lyne Bouchard, vice-rectrice au campus de Longueuil.

L'Atrium est un lieu public qui peut servir occasionnellement de lieu d'expositions et d'événements. L'Université dispose d'un droit de premier refus en cas de revente.

Au début du mois, la télé de Radio-Canada a révélé que le pavillon universitaire au métro Longueuil restait sous-utilisé. La moitié des locaux commerciaux au rez-de-chaussée étaient inoccupés. Le taux d'inoccupation de l'immeuble de 16 étages était estimé à 5 ou 6% par la vice-rectrice. Une salle de cours sur quatre est occupée le jour, toutes les salles sont occupées le soir.

Photo Robert Mailloux, Archives La Presse

L'Université Concordia est devenue propriétaire des deux derniers étages de la copropriété du Faubourg Sainte-Catherine, au 1616, rue Sainte-Catherine Ouest.