Le coup de frein n'est pas aussi brutal qu'à Vancouver et Toronto, mais les ventes de propriétés ont connu une baisse de cadence marquée à Montréal pendant le troisième trimestre, révèle une nouvelle étude.

«Ça fait plus d'un an et demi qu'on s'attend à ce que ça arrive, et bien là, ça arrive: c'est un atterrissage en douceur», a résumé mercredi Dominic St-Pierre, directeur des services immobiliers Royal LePage pour la région du Québec.

Selon les données publiées mercredi par l'agence immobilière, les ventes de maisons à deux étages ont reculé de 7,3% dans l'île de Montréal par rapport au troisième trimestre de 2011. Celles de condos ont fléchi de 10%, au même moment où l'offre a grimpé en flèche.

Le stock de copropriétés à vendre a bondi de 23,4% depuis un an à Montréal. Royal LePage attribue en partie cette hausse aux nombreux projets de condos neufs, qui entrent en concurrence directe avec les appartements sur le marché de la revente.

Selon Dominic St-Pierre, une baisse de 2 ou 3% du prix des condos est à prévoir l'an prochain dans la métropole. «On ne peut pas avoir une augmentation significative comme ça des stocks sans avoir un effet à un moment donné.»

Mieux qu'ailleurs

Sal Guatieri, économiste à la BMO, ne s'attend pas à une correction marquée des prix dans la région de Montréal. Il estime que les valeurs de revente demeureront relativement stables d'ici deux ans, ce qui pourrait se traduire par de légères hausses ou baisses d'environ 2%.

Les prix ont grimpé de 160% depuis une décennie dans la métropole, souligne l'économiste, si bien que la propriété moyenne atteint aujourd'hui 4,5 fois le revenu médian avant impôts des ménages.

«Ce ratio est beaucoup plus raisonnable que celui d'autres grandes villes du pays», a-t-il indiqué à La Presse Affaires.

Le ratio s'établit à 7 fois les revenus à Toronto, et 10 fois à Vancouver, deux villes où les prix risquent de subir une baisse plus marquée, selon Sal Guatieri. La moyenne canadienne s'établit à cinq fois.

Pour l'heure, les prix se maintiennent à Montréal. La valeur de revente moyenne des bungalows a progressé de 4,5% au troisième trimestre, à 287 500$, tandis que celle des maisons à deux étages a grimpé de 5,5%, à 387 786$, indique Royal LePage. Les condos ont affiché la plus faible progression (+0,3%), à 236 989$.

Portrait bigarré

Si le marché immobilier montréalais favorise de plus en plus les acheteurs, de fortes variations persistent entre les différents secteurs et les différents types de propriétés. Le prix des bungalows a ainsi bondi de 12% au troisième trimestre à Brossard, pour atteindre 263 500$, tandis qu'il a reculé de 2,9% à Boucherville, à 301 000$.

La valeur de revente moyenne des maisons à deux étages a quant à elle grimpé de 17,9% à Dorval, à 316 000$, mais elle n'a pas bougé d'un poil à Longueuil, à 335 000$, indique Royal LePage.

Les condos, pour leur part, ont vu leur prix diminuer dans quelques secteurs: Brossard (-3,1%), Pierrefonds (-1,1%), Boucherville (-0,7%) et NDG-Côte-des-Neiges (-0,4%). À l'opposé, ils ont grimpé de 3,1% dans Rosemont-La-Petite-Patrie, de 1,6% à Laval et de 1,5% dans le Plateau-Mont-Royal.

Le ralentissement des ventes apparaît moins prononcé à Montréal qu'à Vancouver et Toronto pour le moment. Les ventes ont plongé de 32,5% en septembre dans la métropole de Colombie-Britannique, tandis qu'elles ont glissé de 21% dans la Ville-reine, apprenait-on cette semaine.

La plupart des économistes attribuent le coup de frein du dernier mois aux nouvelles règles hypothécaires imposées en juillet par Ottawa, qui ont entraîné la disparition de l'amortissement de 30 ans. Cette mesure a écarté plusieurs premiers acheteurs du marché.