Bien que les copropriétés poussent comme de la mauvaise herbe sur les terrains vacants de Montréal, il n'y a pas de bulle immobilière, assure un spécialiste de la firme d'évaluateurs agréés Desjarlais Prévost.

«Certains se questionnent sur l'existence d'une possible bulle immobilière. Selon notre connaissance des marchés, nous n'y croyons pas», dit Benoit Egan, qui est également associé chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT).

«C'est vrai qu'il y a beaucoup de construction, poursuit-il. Dans la majorité des projets, ce sont des propriétaires occupants qui achètent les unités. C'est un bon signe. D'ailleurs, il y a encore une bonne cohorte à venir de futurs premiers acheteurs.»

Depuis 10 ans, la part du résidentiel dans les permis de bâtir est passée de 50 % à 63 % dans la région de Montréal, principalement des copropriétés.

«Le secteur est toutefois à surveiller de près. On pourrait se trouver en situation de déséquilibre compte tenu du nombre de projets annoncés», avertit-il.

Benoit Egan a pris la parole ce matin au Forum stratégique sur les grands projets organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain auquel participait le maire de Montréal, Gérald Tremblay. Des promoteurs y font le point sur l'état d'avancement de leur projet respectif.

Investissement attrayant

M. Egan ne voit pas davantage de bulle dans les édifices de bureaux au centre-ville. «Non seulement on a esquivé la récession de 2008, mais on fait un saut de cycle. On devrait assister à nouveau à une certaine progression modeste au niveau des loyers», dit-il.

D'après lui, Montréal est mûre pour de nouvelles tours, mais pas de l'envergure du 1250, Réné-Lévesque ou du 1000, de La Gauchetière, toutes deux offrant 1 000 000 de pieds carrés de superficie locative.

«On trouvera des projets plus modestes et qui vont intégrer d'autres fonctions que celle bureaux. On devra assister à beaucoup de projets avec fonctions mixtes, c'est la voie de l'avenir pour les édifices de bureaux à Montréal.»

Le mouvement est déjà amorcé avec le projet Altoria du promoteur Kevric au square Victoria et à l'hôtel Westin, dans l'ancien édifice The Gazette, sur Saint-Antoine, en face du Palais des congrès, dans lequel une certaine portion a conservé leur vocation de bureaux.

M. Egan a eu de bonnes nouvelles à annoncer aux promoteurs. Selon les études de Desjarlais Prévost, l'investissement immobilier demeure attrayant à Montréal. Les prix se maintiendront dans les prochaines années en dépit de la hausse prochaine des taux d'intérêt de long terme.

La raison de cet optimiste? Les investisseurs n'ont pas abaissé leurs exigences de rendement à la suite du récent recul des taux d'intérêt  dans les neuf derniers mois. L'écart s'est donc creusé entre les taux obligataires de long terme et le rendement exigé sur l'investissement immobilier, procurant ainsi une marge de manoeuvre en cas de remontée des taux d'intérêt de long terme. «L'industrie est en mesure de faire face à une hausse des taux d'intérêt. À cet égard, elle est mieux disciplinée qu'auparavant avec des ratios d'endettement inférieur à ceux qui étaient en vigueur lors de la récession immobilière du début des années 1990.»

La valeur d'un immeuble à revenus varie inversement au taux de rendement exigé, à l'image d'une obligation. Plus le taux est bas, plus l'actif vaut cher et vice versa.

Actuellement, les investisseurs exigent un rendement de 6,9 % sur l'immobilier à Montréal, d'après le Desjarlais Prévost, e taux est sensiblement le même qu'à Toronto et Calgary. Ces deux marchés son toutefois plus dynamiques que celui de Montréal et la progression des loyers sera plus marquées.

Si les taux de rendement n'augmentent pas dans les deux prochaines années, ils ont par contre fini de baisser, soutient le spécialiste. La création de valeurs va nécessairement être engendrée par la progression des revenus. Cette  progression des revenus dépend de l'emploi et de la conjoncture économique.