L'ancien couvent des soeurs des saints noms de Jésus et de Marie devrait-il conserver une vocation institutionnelle ou être transformé en condos ultraluxueux de plusieurs millions de dollars? La question sera au coeur des débats aujourd'hui et demain en Cour supérieure du Québec.

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Le bâtiment patrimonial, situé au 1420, boulevard Mont-Royal à Outremont, a été vendu à l'Université de Montréal par les soeurs en 2003. L'UdeM devait en faire des locaux d'enseignement, mais elle a plutôt choisi de revendre l'immeuble au Groupe Catania en 2008, citant des coûts de rénovation trop élevés. La firme y a ensuite lancé un vaste projet immobilier, appelé Château Maplewood.

Pour permettre la construction de condos sur ce terrain institutionnel, la Ville de Montréal a autorisé un changement de zonage. Or, la municipalité n'a pas respecté les façons de faire établies et elle aurait dû soumettre tous les aspects de son projet à une approbation référendaire, font valoir trois résidants d'Outremont.

«Il est difficile d'imaginer un projet qui devrait être soumis à l'approbation référendaire plus que celui-ci, étant donné qu'il implique le développement privé d'une partie fondamentale de l'héritage communautaire de Montréal», indique la requête en nullité déposée contre la Ville en Cour supérieure.

La requête qui sera débattue aujourd'hui et demain vise à faire annuler le changement de zonage fait par la Ville. Les citoyens d'Outremont, représentés par l'avocat Louis Beauregard, ont cité l'UdeM et l'arrondissement d'Outremont comme mis en cause.

Les demandeurs se battent pour conserver «l'usage communautaire et institutionnel du Pavillon 1420», situé sur un flanc du mont Royal. Ils souhaitent ainsi protéger l'accès public au parc du Mont-Royal, à ses sentiers et à ses immeubles institutionnels.

Le tribunal doit rendre sa décision de façon urgente, avance la requête, «puisqu'il s'agit d'une cause d'intérêt public». Les résidants demandent une injonction qui forcera l'arrêt de tous les travaux dans l'ancien couvent, de même que la démolition de toute nouvelle construction déjà érigée.

Le Groupe Catania fait toujours la promotion de son projet immobilier, qui est coincé dans un flou juridique depuis l'instauration de ce recours judiciaire. L'entreprise compte aménager 142 appartements de grand luxe dont les prix varieront de 750 000 à 12 millions de dollars.