Le marché immobilier canadien poursuivra sur son élan pour au moins deux autres années.

C'est du moins ce qu'avance la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) dans un rapport publié hier. Ces prévisions optimistes contrastent avec l'avis de certains économistes, qui estiment que le surendettement des ménages - et la surconstruction de condos dans certains marchés - plombera inévitablement la demande de maisons.

«Étant donné que l'économie canadienne est en voie de connaître une croissance modérée et que les taux hypothécaires devraient demeurer bas, la construction résidentielle et les ventes de logements existants resteront en 2012 près des niveaux enregistrés en 2011», a fait valoir Mathieu Laberge, économiste en chef adjoint à la SCHL, cité dans le document.

Selon la SCHL, le nombre de transactions s'établira à 457 300 cette année (+0,2%) et augmentera à 468 200 l'an prochain (+2,4%). Les prix moyens des propriétés existantes - déjà à un niveau record - devraient quant à eux grimper de 1,5% cette année (368 900$) et de 2,7% l'année prochaine (à 379 000$).

Pour établir ses prévisions, l'organisme table sur des taux d'intérêt «stationnaires» pendant la majeure partie de 2012, et en légère hausse en 2013. La SCHL prévoit des taux oscillant entre 5,1 et 5,4% cette année pour le terme de cinq ans, et une fourchette de 5,1% à 5,9% l'an prochain. Il est encore possible d'obtenir un taux promotionnel de 3,19% auprès de certaines banques.

La progression du nombre de nouveaux arrivants devrait par ailleurs contribuer à soutenir la demande de logements neufs et existants, selon la SCHL. La société d'État fédérale prévoit une légère baisse de 2% des mises en chantier cette année au Canada (190 000), qui sera contrebalancée par une hausse de 2% l'an prochain (193 800).

Avertissements

Les prévisions publiées hier par la SCHL apparaissent plus favorables que celles d'autres firmes d'analyse. En décembre, Merrill Lynch/Bank of America ont publié une étude faisant valoir que «la prudence est décidément de mise» dans le marché immobilier canadien.

La banque entrevoit soit un «atterrissage brutal» du marché en 2012, soit une baisse en début d'année suivie d'un rebond pendant le deuxième semestre. Merrill Lynch/BoA s'inquiète tout particulièrement du fort endettement des ménages canadiens, qui atteint le niveau jamais vu de 153% du revenu disponible.

Le gestionnaire de portefeuilles Stephen Jarislowsky s'est lui aussi prononcé peu avant Noël. En entrevue à BNN, le milliardaire montréalais a estimé que les prix étaient surévalués «de 25 à 35%» au pays, ce qui est de mauvais augure.

Dans son rapport publié hier, la SCHL reconnaît que son scénario optimiste pourrait changer. «Les perspectives pourraient être moins bonnes que prévu si, comme on le craint encore, la reprise aux États-Unis devait s'avérer plus lente que ne le laissent entendre les prévisions, si le taux de croissance économique diminuait dans les économies émergentes et s'il y avait un ralentissement dans certaines régions d'Europe.»

Québec

La SCHL prévoit par ailleurs des indicateurs en hausse pour les deux prochaines années au Québec. Les ventes de maisons devraient grimper de 1,9% cette année et de 3,2% l'an prochain, alors que le prix moyen progressera de 2% par année pour s'établir à 262 500$ en 2013.

Les mises en chantier devraient quant à elles baisser de 8,4% cette année pour rebondir de 1,8% l'an prochain dans la province, avec 45 100 nouvelles constructions, prévoit la SCHL.

En 2012

- 457 300: nombre de transactions au Canada

- +0,2%: hausse sur un an

- 368 900$: prix moyen

- +1,5%: hausse sur un an

Et en 2013

- 468 200: nombre de transactions au Canada

- +2,4%: hausse sur un an

- 379 000$: prix moyen

- +2,7%: hausse sur un an

Source: SCHL