Trop chers ou pas assez, les loyers au Québec? Encore une fois, la publication des statistiques de la SCHL a donné lieu à une joute verbale entre propriétaires et groupes de locataires, hier.

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Selon les données de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, le loyer moyen des appartements de deux chambres s'est établi à 684$ en octobre, en hausse de 2,7% sur un an. Pendant la même période, le taux d'inoccupation a reculé d'un poil, à 2,6%.

Malgré des augmentations à peu près équivalentes au niveau de l'inflation, les proprios jugent que les loyers ne grimpent pas assez vite. L'Association des propriétaires du Québec (APQ) demande même l'abolition du contrôle des loyers par la Régie du logement. «Pour nous, c'est l'offre et la demande qui doit soutenir le marché», a lancé à La Presse Affaires le président Martin Messier.

Année après année, l'APQ déplore la faiblesse des loyers, qui décourage les propriétaires de faire des rénovations majeures. Ce sous-investissement entraîne une dégradation accélérée du parc immobilier locatif, fait valoir l'association.

L'APQ réclame une «refonte complète» de la méthode de fixation des loyers. Les proprios souhaitent entre autres pouvoir refuser les cessions de bail, ce procédé qui permet aux locataires de se transférer des baux en gardant le prix au même niveau.

Le plus bas au pays

À 684$, le Québec affiche le loyer le plus bas de toutes les provinces canadiennes. Cela se compare à 1002$ pour un logement de deux chambres en Ontario, 1050$ en Colombie-Britannique, 1044$ en Alberta, 882$ en Nouvelle-Écosse et 687$ au Nouveau-Brunswick.

Par ville, le loyer moyen des appartements de deux chambres s'est élevé à 719$ à Montréal en octobre (+2,7%), 718$ à Québec (+3,8%), 557$ à Saguenay (+4,1%), 1149$ à Toronto (+2,3%) et 1237$ à Vancouver (+3,5%).

Le Regroupement des comités logement et Associations de locataires du Québec (RCLALQ) estime que les locataires sont plus que jamais dans une position de faiblesse par rapport aux propriétaires, avec le marché tendu qui prévaut depuis 10 ans. L'organisme donne l'exemple des appartements de trois chambres, qui coûtent en moyenne 1063$ sur le Plateau Mont-Royal, et dont le taux d'inoccupation est tombé à 0,6%.

Ces logements sont encore plus chers dans le quartier Côte-des-Neiges, à 1142$. «Quand on connaît les problèmes d'insalubrité de ce quartier, on voit bien que les hausses de loyer ne riment pas avec logement en bon état d'habitabilité», a dénoncé la porte-parole France Emond.

Les groupes comme le RCLALQ et le FRAPRU militent pour un réinvestissement de l'État dans le logement social. Un rêve inaccessible pour Agnès Mwanandeke, une mère de quatre enfants qui patiente depuis 2005 sur une liste d'attente pour obtenir un appartement. «Présentement, on paie 700$ pour un 4, rien d'inclus», dénonce cette immigrée congolaise.

Quelque 45 000 ménages se sont retrouvés en défaut de paiement cette année, indique le RCLALQ, qui juge «excessives» les hausses imposées aux locataires.