Après l'échec du projet de l'aquarium Rêveport à Mirabel, Aéroports de Montréal (ADM) fondent maintenant ses espoirs sur un promoteur italien qui a l'ambition de faire venir des magasins d'usine de l'étranger sur les terrains de l'ancienne aérogare de l'aéroport de Mirabel.

Grandprixone se spécialise dans la conception et le développement de centres de magasins d'usine (factory outlets) établis aux abords d'un circuit automobile. Le circuit Icar et l'école de pilotage Jacques Villeneuve se sont installés sur les pistes de décollage de Mirabel depuis quelques années. Le coureur de F1 Jarno Trulli a été associé au concept dans le passé, soutient le promoteur.

La société italienne a fait des approches pour implanter son concept particulier à Pescara, en Italie, en Roumanie et en Australie. Les résultats paraissent mitigés, selon les recherches que nous avons faites.

ADM préfère rester discret sur le projet. La porte-parole, Christiane Beaulieu, ne nous avait pas rappelés avant de mettre sous presse.

Toutefois, le conseiller immobilier de Grandprixone, Groupe MBO, de Milan, a été plus bavard quand son chef de la direction, Marco Beffa, a accordé une interview au magazine spécialisé italien Pambianco News en mars dernier.

De plus, Grandprixone participe depuis au moins deux ans au Marché International Professionnel de l'Implantation Commerciale et de la Distribution (MAPIC) qui se déroule à Cannes, en France. ADM et MBO Group étaient également présents sur La Croisette en novembre pour promouvoir le projet au MAPIC 2011.

Dans le Pambianco News, M. Beffa parle d'un concept conçu en Italie et qui sera implanté partout dans le monde. Pour Mirabel, il parle d'un centre commercial et récréotouristique axé sur l'automobile qui comptera 400 magasins répartis sur 64 000 mètres carrés. Le tiers de la superficie sera occupé par des concessionnaires automobiles, tandis que la moitié du centre sera dédiée aux magasins d'usine.

«Les Montréalais sont prêts à faire le voyage de 4 ou 5 heures en voiture pour aller aux factory outlets de Woodbury, près de New York», a dit M. Beffa au média italien disponible sur le web.

«C'est effectivement vrai qu'il y a peu de factory outlets au Québec et les concepts qui ont été essayés à Saint-Sauveur ou à Bromont étaient trop petits en taille pour constituer des produits d'appel», dit Joël Paquin, spécialiste en implantation commerciale et président de Paquin Recherche et associés, à qui on a demandé avis sur la viabilité du concept.

«Pour réussir, les promoteurs devront y réunir une masse critique de magasins qu'on ne trouve pas ailleurs au Québec», poursuit-il. Selon cet expert, le promoteur profite d'auspices favorables en raison de l'intérêt renouvelé de détaillants américains à venir s'implanter au nord du 49e parallèle.

M. Paquin cite en exemple le succès obtenu par Ivanhoé Cambridge avec ses centres Mills à Vaughan et à CrossIron, au Canada anglais. Mills mise à la fois sur le divertissement et sur la présence de magasins-entrepôt de bannière jusqu'à alors absente au Canada comme le magasin d'articles de plein air, chasse et pêche, Bass Pro Shops.

«Nous avons des ententes avec des investisseurs institutionnels. Nous aurons des fonds pour mettre en valeur de nouveaux emplacements à Toronto et Vancouver, si jamais nous avons rapidement du succès à Mirabel comme nous le croyons», a dit M. Beffa à la publication italienne. La Presse a tenté d'entrer en contact avec Marco Beffa et Grandprixone, sans succès.

Faire oublier Rêveport

«Tout ce qui concerne le projet du groupe italien, ADM garde ça pour elle», dit Jean-Luc Riopel, directeur général du centre local de développement de Mirabel.

De son côté, le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, échaudé par le passé, se montre prudent. «Ils (les promoteurs) sont en train d'évaluer la faisabilité de prendre l'aérogare et de l'amener à un niveau pour être utiliser à leurs fins. Ils cherchent à estimer les coûts. On ne les a pas rencontrés encore. On s'est fait avoir une fois avec Rêveport», dit-il.

On se rappellera que le centre de 300 millions de dollars, annoncé une première fois en 2006, est tombé à l'eau en 2009. Le projet du promoteur I.Parks-Oger International consistait à convertir l'ancien aéroport en un vaste complexe rétrotouristique de 100 000 mètres carrés. Crise financière oblige, le projet n'a jamais dépassé l'étape des plans et des analyses de marché.

Quoi qu'il advienne avec Grandprixone, il y a de l'action sur les terrains de l'aéroport. La famille Valérie Delorme-Sylvain Robitaille a pratiquement terminé la remise à neuf du bâtiment administratif. En parallèle, elle travaille à donner une nouvelle vie à l'hôtel Château Mirabel. Il est aussi question d'ajouter à l'hôtel un centre de congrès comprenant un amphithéâtre de 2500 places avec deux patinoires.

Sylvain Robitaille, président de Syscomax, ne nous a pas rappelé.