Le marché immobilier canadien a défié «toute logique» en 2011, admet la firme de courtage Re/Max, qui s'attend en outre à ce que les prix établissent des records l'an prochain.

Selon Re/Max, la valeur de revente moyenne aura grimpé de 7% cette année au Canada, à 363 000$, tandis que le nombre de transactions aura progressé de 3%. L'agence prévoit un autre gain de 2% du prix des maisons l'an prochain (371 000$), ainsi qu'une légère hausse des ventes de 1%, indique-t-elle dans un rapport publié hier.

«Selon le vieux principe voulant que tout ce qui monte doit redescendre, tout le monde dit depuis des années: ça achève, ça achève, a indiqué Claude Charron, courtier chez Re/Max qui a contribué à l'étude. Mais il y a une combinaison de facteurs, comme les taux d'intérêt étonnamment bas et la confiance des consommateurs, qui a fait en sorte que la deuxième vague du marché, de juin à décembre, a vu un rattrapage.»

L'augmentation du prix moyen devrait atteindre 5% à Montréal cette année, à 313 000$, et 4% à Québec, à 246 000$, indique Re/Max.

Des hausses plus modérées de 2% devraient suivre l'an prochain, selon l'agence.

Surévaluation?

Si le marché actuel fait le bonheur des courtiers, il suscite aussi de vives inquiétudes. The Economist a publié, à la fin de novembre, un article sur le possible éclatement d'une deuxième bulle immobilière mondiale, après celle qui a balayé les États-Unis et de nombreux autres pays à partir de 2007.

Selon le magazine, le prix des maisons est fortement surévalué dans plusieurs nations, en particulier au Canada. La valeur de revente moyenne est 29% trop élevée au pays par rapport au revenu disponible, estime The Economist. La surévaluation est même pire aujourd'hui au Canada qu'elle ne l'était aux États-Unis avant l'éclatement de la crise, avertit l'article.

David Madani, économiste à Toronto pour la firme Capital Economics, partage ce sombre constat. L'homme avait soulevé la controverse l'hiver dernier en prédisant une baisse moyenne des prix de 25% au Canada. Il maintient son pronostic, en dépit de la vigueur surprenante du marché immobilier en 2011.

«On pense que cette bonne tenue du marché est due à une confiance exagérée des consommateurs», a dit M. Madani à La Presse Affaires hier.

L'économiste ne s'attend pas à un effondrement brutal du marché, mais il écarte aussi le scénario souvent évoqué d'un «atterrissage en douceur». Sans avancer de moment précis, il prédit une baisse continue des prix qui affectera toute l'économie canadienne et pourrait même replonger le pays en récession.

Claude Charron, qui est aussi président du conseil de la Fédération des chambres immobilières du Québec, écarte pour sa part la thèse d'une surévaluation, du moins dans le marché montréalais. «Il ne faut pas comparer à des prix qui étaient anormalement bas il y a 7, 8 ou 10 ans», a-t-il fait valoir.

Pont Champlain

Malgré son optimisme pour l'ensemble du marché, Re/Max prévoit une légère baisse des ventes en 2012 au Québec. Le nombre de transactions devrait reculer de 5% à Montréal et Québec, indique l'agence.

Re/Max s'attend par ailleurs à ce que la reconstruction du pont Champlain entraîne d'importantes perturbations sur le marché immobilier de la Rive-Sud. Ce secteur a déjà commencé à subir depuis le printemps les contrecoups de la congestion routière de plus en plus lourde, ont indiqué plusieurs courtiers à La Presse Affaires.

Les conditions du marché montréalais seront dans l'ensemble plus équilibrées en 2012 que cette année. Cette situation favorisera un peu plus les acheteurs après des années d'un marché «vendeur», souligne Re/Max.

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EN CHIFFRES

Prix moyen au Canada en 2011 (Prévision de la firme Re/Max)

+7% Hausse sur un an

29% Surévaluation moyenne des prix (selon The Economist)