District Griffin, un mégaprojet résidentiel et commercial de plus de 700 millions de dollars dans le sud-ouest de Montréal, verra sa structure changer considérablement avec le départ d'un partenaire-clé, le Groupe Cholette.

Le complexe devait au départ être bâti par Devimco - spécialisé en construction commerciale - et Cholette, un promoteur résidentiel réputé. Jusqu'à tout récemment, les partenaires semblaient bien unis, comme en témoigne l'annonce conjointe d'une nouvelle phase faite à la fin août. Or, The Gazette a révélé plus tôt cette semaine le retrait de Cholette, ce qui a alimenté plusieurs rumeurs de bisbille.

Les deux parties nient cependant toute mésentente. Il semble plutôt que leurs stratégies et priorités respectives aient changé au cours de l'automne.

Selon ce qu'a appris La Presse Affaires, Devimco, qui est notamment derrière le Quartier Dix30 de Brossard, a créé il y a deux semaines sa propre filiale résidentielle, Devimco Habitation. L'objectif : réaliser seule ses projets domiciliaires, et ainsi engranger une part plus grande part des bénéfices.

« Ce n'est pas une séparation de mauvaise entente, c'est vraiment juste une opportunité que Devimco a réalisé qu'elle était en train de manquer, a souligné Mathieu Collette, directeur du groupe de services immobiliers Altus (et consultant de Devimco). Car quand tu t'associes avec un autre développeur, tu partages les profits. »

Serge Goulet, président de Devimco, nie être brouillé avec Michel Cholette, président du Groupe Cholette. En entrevue téléphonique, hier, il a soutenu que l'idée de lancer sa propre division résidentielle murissait depuis plusieurs années. Cholette a en outre réalisé être suffisamment occupée avec ses autres projets, d'où cette séparation à l'amiable, a affirmé M. Goulet.

Il a été impossible de parler au président du Groupe Cholette, hier. Une porte-parole de l'entreprise a affirmé à La Presse Affaires que le retrait du projet District Griffin s'était fait sans aucune acrimonie.

La collaboration entre Cholette et Devimco est d'ailleurs loin d'être terminée, à en croire Serge Goulet. Cholette est responsable de construire 800 condos au Quartier Dix30, un projet qui s'étalera encore sur plusieurs années, a-t-il indiqué. Et les deux entreprises finiront ensemble le travail sur les deux premières tours de 17 étages du District Griffin.

Devimco s'attaquera ensuite tout seul à la construction du troisième immeuble du projet - le St. Ann -, qui vient d'être mis en vente. Un premier projet parfait pour Devimco Habitation, puisque cette tour de 14 étages est « relativement petite et relativement simple », a fait valoir M. Goulet.

Grandes ambitions

Le président de Devimco a de grandes ambitions avec sa nouvelle filiale résidentielle. Il espère devenir d'ici deux à trois ans «un des trois meilleurs» à Montréal. Il a à cette fin recruté Sébastien Mathieu, directeur de construction du réputé Groupe Prével, pour diriger la suite du projet District Griffin.

Serge Goulet semble très confiant envers le succès du District Griffin, qui devrait comprendre 2100 condos, un hôtel de la bannière Alt et plus de 500 000 pieds carrés de bureaux et de commerces d'ici 7 à 8 ans. Le Fonds de solidarité FTQ participe toujours au projet, selon le site web de l'organisme.

Un quartier en mouvement

L'ancien quartier industriel de Griffintown, en lisière du centre-ville de Montréal, regorge de projets immobiliers depuis deux ans. Prével et Rachel-Julien ont lancé l'été dernier les Bassins du Havre - un ensemble de 1800 condos évalué à plus de 600 millions - et une floppée d'autres promoteurs ont annoncé des projets de petite et moyenne envergure.

Certains acteurs de l'industrie immobilière estiment qu'il y a suroffre et que la demande ne pourra soutenir une telle quantité de nouveaux appartements. Une vision que réfute Mathieu Collette, du Groupe Altus. « Le niveau d'absorption, le volume de vente et de réservation se font excessivement rapidement. »

Environ 1600 appartements doivent être livrés d'ici 2013, a-t-il souligné, et de ce nombre, 70 % sont vendus ou réservés. Il reste 14 mois pour vendre les 30 % restants, ce qui est tout à fait faisable, croit M. Collette.