Trois projets immobiliers majeurs prévus au centre-ville, dont une tour de 61 étages adjacente au Centre Bell, dérogeront à plusieurs règlements municipaux en ce qui concerne la hauteur et la densité.

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Les projets d'une valeur combinée de 580 millions de dollars feront l'objet d'une assemblée publique de consultation, ce soir, où les dérogations seront exposées aux citoyens. Ils ont déjà été présentés en première lecture à l'arrondissement de Ville-Marie, il y a deux semaines.

Sylvain Villeneuve, chef de la division de l'urbanisme à l'arrondissement, estime que les objectifs visés par Montréal - la densification du centre-ville - justifient les modifications demandées par les promoteurs. «Les changements qu'on autorise sont mineurs par rapport au bénéfice de faire disparaître des stationnements de surface», a-t-il fait valoir à La Presse Affaires, hier.

Le plus important des trois projets prévoit cinq tours de 13 à 25 étages à l'angle des rues University et Saint-Jacques. Le complexe de 350 millions, mis de l'avant par Magil Laurentienne et Desjardins Sécurité Financière, dérogera notamment au règlement qui touche la hauteur minimale du basilaire.

Le chantier exigera en outre la démolition de trois immeubles vacants de la rue Saint-Jacques, dans la partie est du Vieux-Montréal. Le fait de garder ces trois édifices «hypothéquerait sérieusement le concept du projet», qui prévoit un stationnement souterrain et un vaste supermarché au rez-de-chaussée, indique un sommaire décisionnel publié par l'arrondissement.

Tour de 61 étages

Le gratte-ciel de 61 étages adjacent au Centre Bell, proposé par Cadillac Fairview, exige aussi plusieurs dérogations aux règlements municipaux. L'usage résidentiel - plutôt que commercial - constitue un des principaux changements demandés, tout comme l'installation d'un bar, d'un restaurant et d'un centre sportif dans les 15 premiers étages.

Le nombre d'étages est aussi dérogatoire par rapport aux 44 suggérés au départ. La nouvelle hauteur prévue - 197 mètres - respecte toutefois les balises de la Ville, qui exige qu'aucun gratte-ciel ne dépasse le mont Royal.

Si le projet se concrétise comme prévu, la nouvelle tour sera aussi haute que le 1250, René-Lévesque Ouest (ancien IBM-Marathon). Il s'agira aussi de l'immeuble résidentiel le plus élevé de la métropole.

Sylvain Villeneuve se montre satisfait des devis qui ont été présentés jusqu'à maintenant par l'architecte de Cadillac Fairview. «Elle est très effilée, cette tour-là, elle ne gâchera pas la vue sur la montagne et sur le centre-ville.»

Un troisième projet - une tour résidentielle de 35 étages à l'angle des rues Union et Cathcart - demande aussi certains accrocs au règlement actuel. Il faudra notamment harmoniser les hauteurs et densités permises sur les deux parcelles qui forment ce terrain. Une technicalité, selon M. Villeneuve. «Ce n'est pas parce qu'on déroge aux normes qu'on donne un privilège», a-t-il affirmé.

Pas de logement social

Si les dérogations autorisées par l'arrondissement apparaissent assez mineures, un groupe de citoyens dénonce toutefois l'absence de logements sociaux et abordables dans les trois projets.

Selon la stratégie d'inclusion mise en place par la Ville en 2005, tous les projets de condos de plus de 200 unités doivent en théorie comprendre 15% de logements sociaux et 15% de propriétés abordables. Ce qui ne sera pas le cas dans ces projets totalisant à eux trois près de 1600 logements, dénonce Éric Michaud, porte-parole du regroupement Habiter Montréal.

Marc Labelle, directeur de l'aménagement urbain de l'arrondissement de Ville-Marie, reconnaît que rien ne peut forcer les promoteurs à inclure des logements sociaux. «C'est une stratégie, ce n'est pas un règlement, donc ça va sur la bonne volonté.»