Trois projets immobiliers totalisant 580 millions de dollars, dont une tour résidentielle de 61 étages et un complexe de cinq gratte-ciels, ont franchi une première étape hier soir au centre-ville de Montréal.

Les projets ont été présentés en première lecture au conseil d'arrondissement de Ville-Marie, un passage obligé pour toute construction d'envergure. La tour la plus élevée est prévue par Cadillac Fairview à deux pas du Centre Bell, tandis que la firme Magil Laurentienne projette cinq immeubles de 13 à 25 étages à l'est de l'autoroute Bonaventure, en lisière du Vieux-Montréal.

Une société à numéro souhaite quant à elle ériger une tour résidentielle de 35 étages sur la rue Union, entre Cathcart et le boulevard René-Lévesque.

«Il y a un regain d'intérêt pour le centre-ville, qui est le plus habité au Canada, a souligné à La Presse Affaires Marc Labelle, directeur de l'aménagement urbain de l'arrondissement Ville-Marie. Ces trois projets novateurs vont consolider ce statut et donner au centre-ville un essor prometteur.»

Le gratte-ciel de Cadillac Fairview, s'il se réalise comme prévu, deviendra l'un des plus hauts de la métropole. La structure sera à peu près de la même taille que la tour voisine IBM Marathon, qui totalise 230 mètres de hauteur avec son antenne.

Ce gratte-ciel de 160 millions constitue la première phase d'un vaste complexe de 400 millions que Cadillac Fairview compte ériger autour du Centre Bell. Selon les plans actuels, les 14 premiers étages de la tour auront un usage commercial et comprendront notamment un centre sportif, tandis que les 47 étages supérieurs comprendront 700 appartements.

Les esquisses fournies par l'arrondissement font état d'un immeuble épuré aux couleurs sombres. Les plans d'architecte risquent cependant d'évoluer au fur et à mesure que le projet progressera au cours des prochains mois.

Brett Miller, vice-président directeur de la firme immobilière CBRE, estime que les chances de succès du projet sont bonnes, malgré le nombre élevé de condos qui seront construits d'un coup. «Si on regarde l'ensemble de l'Amérique du Nord, c'est un des projets les plus dynamiques et intéressants. C'est en plein coeur du centre-ville, les résidants auront des vues incroyables.»

Bureaux

Le projet de Magil Laurentienne, appelé Place University St-Jacques, est pour sa part évalué à 350 millions de dollars. Le complexe de cinq tours fait jaser depuis des années, mais il semble que cette fois-ci soit la bonne pour les promoteurs.

Les immeubles de 13 à 25 étages recouvriront un vaste terrain de stationnement situé entre les rues University, Saint-Jacques, Gavin et Notre-Dame, à la lisière entre le Vieux-Montréal et le centre-ville. Au total, le projet prévoit 508 condos, ainsi que 11 675 mètres carrés de bureaux et de commerces. On ignore quelle tour sera construite en premier, et le promoteur n'a pas voulu donner de détails, hier.

La tour résidentielle de 35 étages prévue rue Union est quant à elle évaluée à 70 millions. Les principaux actionnaires de la société à numéro qui propose le projet sont établis à Gibraltar. L'immeuble doit être érigé sur un terrain de stationnement de 1341 mètres carrés considéré comme un «îlot de chaleur» par la Ville.

Cacher ces stationnements

Marc Labelle, de l'arrondissement de Ville-Marie, se réjouit que les trois projets présentés hier visent à recouvrir des stationnements qui défigurent le centre-ville. Dans ce contexte, la Ville s'est montrée plus flexible qu'à son habitude envers les promoteurs.

«Nous avons une certaine obligation de densifier le centre-ville et ces projets font suite à certaines actions posées par la Ville, a-t-il dit. Comme ils s'inscrivent, par ailleurs, dans notre politique de faire disparaitre les stationnements, nous avons fait preuve d'une plus grande ouverture.»

Les projets ont été présentés pour la première fois au conseil hier et ils devront subir deux autres lectures avant de pouvoir démarrer officiellement. Entre-temps, des consultations publiques seront tenues et il se peut que les plans en sortent considérablement modifiés. Selon la Ville, le processus avant la délivrance d'un permis prend en général de quatre à six mois.

Par ailleurs, certains pourraient tomber à l'eau ou être repoussés si les conditions économiques se dégradent.