Les chasseurs d'aubaines qui misent sur une baisse du prix des maisons devront prendre leur mal en patience, selon le Conference Board. L'organisme prévoit encore des hausses salées d'ici la fin de l'année, en particulier au Québec.

Selon un rapport publié hier, les villes de Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay devraient afficher des gains annuels de plus de 7% au cours des trois à six prochains mois. En comparaison, les prix devraient grimper de moins de 3% à Toronto, et d'environ 6% à Vancouver, prédit le Conference Board du Canada.

«Ce qu'on fait, c'est qu'on regarde la tendance de croissance des prix sur la période de données disponibles et, au cours des dernières années, la croissance des prix du Québec a été assez forte», a indiqué à La Presse Affaires Robin Wiebe, économiste principal, pour expliquer ces prévisions vigoureuses.

Le prix moyen des propriétés - tous types confondus - s'est établi à 265 890$ au Québec le mois dernier, en hausse de 4,6% sur un an. Il a atteint 323 785$ dans la région métropolitaine (+5,3%), et 401 966$ dans l'île de Montréal (+6,3%).

À l'échelle canadienne, le prix moyen a explosé de 8,7% entre juin 2010 et juin 2011, pour atteindre le sommet historique de 372 700$. À titre comparatif, la valeur de revente moyenne était de 236 200$US le mois dernier aux États-Unis.

Les hausses seront encore au rendez-vous un peu partout au Canada au cours des prochains mois, mais la progression des prix ralentira dans plusieurs villes, a souligné Robin Wiebe. «Signe» déjà visible de cette baisse de régime, les prix ont grimpé moins vite entre mai et juin qu'entre avril et mai dans 18 des 28 principaux centres du pays. Le nombre de propriétés à vendre a aussi grimpé.

Sommet d'activité

Un autre indicateur est venu témoigner hier de la vigueur récente du marché. L'indice Teranet-Banque Nationale - qui se base sur les transactions répétées de maisons comparables à travers le temps - a enregistré en mai son plus fort gain mensuel d'une série de six augmentations.

Sur un mois, l'indice a grimpé de 1,6% à Vancouver et Toronto, de 0,7% à Montréal, de 0,6% à Calgary et de 0,5% à Ottawa. Cette variation mensuelle moyenne de 1,3% - très élevée - est tout à fait circonstancielle, a souligné Marc Pinsonneault, économiste principal à la Nationale.

«Évidemment, si ça continuait comme ça, on se dirait: voyons, le prix des maisons va monter de plus de 12% par année, est-ce qu'il y a une bulle? Ce n'est pas normal dans le contexte.»

L'économiste attribue cette forte hausse à l'instauration de nouvelles règles sur le financement hypothécaire par Ottawa en mars dernier, qui a provoqué une demande accrue dans les marchés les plus chers. Comme l'indice Teranet fonde ses calculs sur les registres publics, mis à jour plusieurs semaines ou mois après les transactions, l'effet des nouvelles mesures sur les ventes s'est seulement fait sentir à partir d'avril.

Sur un an, l'indice Teranet a grimpé de 6,3% à Montréal, de 6,2% à Vancouver et de 4,6% à Toronto. Les marchés locaux étaient globalement équilibrés en juin au Canada, avec des ventes un peu en deçà de la moyenne des 10 dernières années. Cela laisse présager que les «fortes hausses mensuelles ne devraient pas durer plusieurs mois», d'après M. Pinsonneault.

Quant au marché immobilier de Montréal, devenu trop cher au goût de plusieurs acheteurs, l'économiste fait valoir qu'il apparaît tout à fait équilibré pour le moment.